4.
« Le jour arriva donc où Dieu créa le ciel et la terre et toutes les productions verdoyantes des champs, qui n'étaient pas auparavant sur la terre et toutes les herbes de la campagne 1. » Plus haut on voit le nombre de sept jours ; maintenant, selon l'auteur sacré, Dieu fait dans un seul jour le ciel et la terre, et toute la verdure et toute l'herbe des champs; et l'on a raison d'entendre que le nom de ce jour marque tout cet espace de temps. Car Dieu a fait tout le temps avec toutes les créatures temporelles et visibles qui sont désignées par le nom de ciel et de terre. Ce qui mérite et réclame notre attention, c'est que l'Ecriture après avoir nommé le jour qui a été fait, puis le ciel et la terre, ajoute encore les productions verdoyantes et toute l'herbe des champs; car lorsqu'il est dit : « Dans le principe Dieu fit le ciel et la terre, » il ne s'agit pas de la création des plantes et des herbes de la campagne ; puisqu'il est écrit sans aucune équivoque que les plantes et les herbes des champs furent créées au troisième jour; et d'ailleurs l'opération énoncée par les mots : « Dans le principe Dieu fit le ciel et la terre, » n'appartient à aucun des sept jours dont il est question. Jusque-là en effet, ou bien l'écrivain sacré a voulu désigner sous le nom de ciel et de terre la matière même dont toutes les choses ont été faites, ou du moins il a d'abord sous ce nom présenté la création entière en disant : « Dans le principe Dieu fit le ciel et la terre ; » puis prenant les uns après les autres les ouvrages de Dieu, il les expose en particulier selon l'ordre des jours; comme il fallait à raison du sens prophétique que nous avons relevé dans le livre premier. Pourquoi donc maintenant après avoir nommé le ciel et la terre, ajoute-t-il: les productions verdoyantes et l'herbe des champs, sans rien dire de tant d'autres choses qui sont au ciel et sur la terre ou même dans la mer ? N'est-ce point parce qu'il veut faire entendre sous ce terme la créature invisible c'est-à-dire l'âme. Aussi bien dans les Ecritures le monde est souvent désigné sous la figure d'un champ; et le Seigneur lui-même dit: « Le champ c'est le monde, » quand il expose la parabole où il s'agit de la zizanie mêlée au bon grain 2. Aussi à cause de leur vitalité vigoureuse, le nom de productions verdoyantes de la campagne est employé pour signifier la Créature spirituelle et invisible, et nous interprétons le nom de l'herbe dans le même sens et pour la même raison 3. Ce qu'ajoute l'écrivain sacré « Qui n'étaient pas auparavant sur la terre, » doit être compris de cette manière : avant que l'âme eût péché. Depuis en effet qu'elle est souillée par des désirs tout terrestres, on dit d'elle avec raison qu'elle a comme pris naissance sur la terre, ou qu'elle est sur la terre ; et de là ce qui suit : « Car Dieu n'avait pas encore fait pleuvoir sur la terre 4. »