5.
Maintenant encore Dieu fait naître la verdure des champs, mais en répandant la pluie sur la terre, c'est-à-dire, que par sa parole il fait reprendre aux âmes une nouvelle vigueur; mais il les arrose de l'eau des nuées, en d'autres termes des Ecritures que nous ont laissées les prophètes et les Apôtres. A ces Ecritures convient justement le nom de nuées, parce que les paroles qu'elles renferment, qui retentissent et qui passent en frappant l'air, surtout si l'on considère: encore l'obscurité des allégories comparables à un brouillard épais, ressemblent bien à des nuées, et quand on les explique, elles deviennent pour ceux qui les comprennent bien, comme une pluie de vérité qui tombe sur eux et les pénètre. Mais il n'en était pas ainsi quand l'âme n'avait pas encore péché, c'est-à-dire, quand la verdure des champs n'était pas encore sur la terre. « Car Dieu n'avait « pas encore fait pleuvoir sur la terre, il n'y avait « pas d'homme pour y travailler. » L'homme en effet qui travaille sur la terre a besoin de la pluie des nuées dont nous venons de parler. Or, c'est après le péché que l'homme a commencé son travail sur la terre et que les niées lui sont devenues nécessaires. Avant le péché, quand Dieu eut donné l'être à la verdure et à l'herbe des champs, laquelle signifiait la créature invisible comme nous l'avons dit ; il y avait une source intérieure pour arroser cette créature, Dieu parlait d'une manière immédiate à son intelligence: ainsi elle n'avait pas à recevoir du dehors les paroles divines, comme une pluie tombant des nuées, mais elle s'abreuvait de la vérité à la source même jaillissant dans son coeur.