35.
Il nous reste à examiner pourquoi l'Ecriture après avoir dit : « Cela se fit, » ajoute immédiatement : « Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait: et ces oeuvres étaient excellentes. » Ce passage aurait au pouvoir abandonné à l'espèce humaine de faire usage pour sa nourriture des végétaux et des arbres fruitiers: l'expression : «cela se fit, » résume le récit sacré a partir des mots « Et Dieu dit : Voici que je vous ai donné l'herbe portant sa semence » etc. En effet, si cette formule avait une application plus étendue,il faudrait rigoureusement en conclure que, dans l'espace du sixième jour, l'espèce humaine s'était accrue, multipliée au point de peupler la terre, ce qui n'eut lieu, au témoignage de l'Écriture, que longtemps après. Par conséquent, cette expression signifie seulement que Dieu donna à l'homme la faculté de se nourrir, et que l'homme eut conscience de la parole divine : elle n'a pas d'autre sens. Supposons, en effet, que l'homme eût alors exécuté cet ordre et qu'il eût pris les aliments qu'on lui assignait, l'Écriture selon la forme habituelle de son récit, aurait ajouté à l'expression qui révèle que l'ordre est entendu, l'expression qui indique que l'ordre est accompli; la formule: « il en fut ainsi, » aurait été suivie des mots: Et ils en prirent, et ils en mangèrent. C'est le tour qu'elle emploie pour raconter l'oeuvre du second jour : « Que l'eau qui est sous le ciel se rassemble en un même lieu et que la terre nue se montre. Il en fut ainsi : l'eau se rassembla en un même lieu. »