CXXXV. (Ib. XXX; 26-33. )
Sur l'huile des onctions. —Remarquons aussi et notons comment Dieu donne (ordre d'oindre tout avec l'huile du chrême, je veux dire, le tabernacle, et tout ce qu'il contenait; comment tout dès lors, par l'effet de l'onction, devient Saint des Saints. Quelle différence verrons-nous donc entre les objets placés à l'intérieur, que cachait le voile, et tout le reste, si tout ce qui recevait l'onction devenait par la même Saint des saints ? Cette question doit être sérieusement étudiée : J'ai cru du moins devoir l'indiquer. Ajoutons une autre remarque : de même qu'après l'onction de l'au tel des sacrifices, au quel il impose dès lors la dénomination de Saint de Saint, Dieu dit: « Quiconque le touchera, sera sanctifié ; » de même après avoir fait oindre tout le reste et avoir dit que tout cela est devenu Saint des Saints, Dieu prononce cette sentence: « Quiconque les touchera sera sanctifié. » Ce qui peut s'entendre de deux manières: On sera sanctifié en les touchant; ou l'on se sanctifiera pour pouvoir les toucher : en supposant toutefois qu'il ne fût pas permis au peuple de toucher le tabernacle, quand il amenait les victimes, ou quand on offrait à Dieu ce qu'il avait apporté pour le sacrifice. Mais les avertissements que Dieu donne ensuite ne s'adressent pas seulement aux prêtres et aux Lévites, puisqu'il dit à Moïse : « Tu parleras en ces termes aux enfants d'Israël. » Or, les enfants d'Israël, c'était tout le peuple ; et voici ce qu'il leur fait dire : « Cette huile qui doit servir aux onctions, vous sera une chose sainte de génération en génération : on n'en oindra point la chair de l'homme, et vous ne ferez pas pour vous-mêmes des compositions semblables à celle-là. C'est une chose sainte, et ce sera pour vous un moyen de sainteté. Quiconque en fera de semblables, et quiconque en donnera à une nation étrangère, périra du milieu de son peuple. » Cette défense de composer une huile semblable pour des usages profanes, ne concerne donc pas seulement les prêtres, mais encore tout le peuple d'Israël. Car c'est le sens de ces mots : « On n'en oindra point la chair de l'homme. » Il leur défend d'en taire de semblables pour leurs propres usages, et il menace de la mort ce lui qui se rendrait coupable de cette faute, c’est-à-dire, qui composerait à son usage une huile pareille à l'huile des onctions, ou qui en communiquerait une portion à un peuple étranger. Enfin quand Dieu fait dire à tout le peuple d'Israël: « Ce sera pour vous un moyen de sanctification, » je ne vois pas quel sens donner à ces paroles, sinon qu'il était permis à tous les Israëlites de toucher le tabernacle, quand ils y venaient avec leurs offrandes; et que cet attouchement les sanctifiait, à cause de l'huile qui avait été répandue sur toutes les parties du tabernacle : de là cette parole ; « Quiconque touchera ces choses sera sanctifié, » non toutefois comme les prêtres, qui, avant d'exercer les fonctions du sacerdoce, devaient recevoir l'onction de cette huile sainte.