XXIV. (Ib. XXIII, 14.)
Ce que c'est que mourir. — Quand Josué parle de sa fin prochaine, il dit : « Je retourne par le chemin que suivent tous ceux qui sont sur la terre.; » nous trouvons dans la version faite sur l'hébreu cet autre mot : « J'entre dans le chemin. » L'expression des Septante « je retourne par le chemin, » si l'on entend parler seulement du corps, doit se prendre dans le sens de ces paroles de Dieu à l'homme : « Jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, dont tu es sorti 1. » Mais si l'appliquant à l'âme, nous voulons adopter le sens de ces paroles de l'Ecclésiaste : « L'esprit retournera à Dieu qui l'avait donné 2, » j'estime qu'elle ne convient pas à tous indistinctement, mais à ceux qui ont vécu de manière à mériter de retourner à Dieu, comme à leur Créateur et à l'auteur de leur existence. Elle ne saurait convenablement s'appliquer à ces hommes dont il est dit, qu'ils ne sont qu'un « souffle qui passe et ne revient point 3. » Si Josué, fils de Navé, ce saint personnage, n'avait pas ajouté : « que suivent tous ceux qui sont sur la terre, » il n'y aurait pas matière à discussion; car nous ne pouvons admettre, à son sujet, aucune supposition qui ne soit digne de lui ; mais, comme il a complété ainsi sa phrase, je m'étonne que le traducteur latin n'ait pas mis « je parcours » ou « je descends, » au lieu de « je retourne par le chemin, » si le grec « apotrekho » , est susceptible de ce sens. En effet, tous les hommes parcourent ou descendent ce chemin de la vie, quand ils approchent du terme. Mais comme nous trouvons le même mot, quand les parents de Rébecca disent au serviteur d'Abraham « Voici Rébecca: prends-la et retourne, afin qu'elle soit la femme de ton maître 4; » il faut lui donner ici la même signification.