10.
Parce qu'il est écrit : « L'Esprit du Seigneur, fut sur Jephté,» faut-il attribuer à l'Esprit du Seigneur tout ce qui arriva, ensuite, le voeu de Jephté, la victoire qu'il remporta, l'exécution de son voeu, et regarder même ce sacrifice comme prescrit par Dieu à l'exemple de celui d'Abraham ? Je n'oserais le dire. Il est vrai qu'on peut signaler une différence entré sa conduite et celle de Gédéon. Quand Gédéon eut péché en faisant un éphod qui entraîna tout le peuple dans la prévarication, l'Ecriture ne mentionne plus aucun succès obtenu par ses arrhes ; quand Jephté, au contraire, eut fait voeu, il remporta une insigne victoire : il avait fait vœu pour l'obtenir; l'ayant obtenue il accomplit son voeu. Remarquons cependant que Gédéon aussi délivra son peuple par une grande victoire, accompagnée d'un affreux carnage de.l'ennemi ; non sans doute après avoir fait l'éphod, mais après avoir tenté le Seigneur, ce qui est assurément un péché. — Nous lisons, en effet : « Et Gédéon dit au Seigneur: Que votre indignation ne s'allume pas contre moi, je parlerai encore une fois, et une fois encore je ferai une épreuve sur la toison etc. » Il craignait la colère de Dieu, parce qu'il savait qu'en faisant une épreuve, il péchait, Dieu ayant défendu cela très-clairement dans la Loi. Cette faute cependant fut suivie d'un prodige éclatant, et significatif d'une grande victoire et de la délivrance du peuple. C'est que Dieu avait résolu de venir en aide à son peuple affligé, faisant également servir a ses desseins, soit pour figurer l'avenir, soit pour accomplir sa.parole, la fidélité et la religion, les fautes et les défaillances du chef qu'il avait choisi pour l'exécution de l'entreprise.