17.
II est écrit de Jephté: « Et les fils de l'épouse grandirent et ils chassèrent Jephté. » Cette parole : « grandirent, » signifie au sens figuré prévalurent: elle reçut son accomplissement en la personne des Juifs qui prévalurent sur l’infirmité du Christ lui-même le voulant ainsi, afin d'endurer ce qu'il devait souffrir de leur part. C'est ainsi qu'en figure du même mystère, Jacob triompha dans sa lutte prophétique contre un ange 1. Les frères de Jephté lui dirent donc: « Tu n'auras pas d'héritage dans la maison de notre « père, car tu es un enfant de fornication. » Les Juifs aussi dirent, comme on le voit dans l'Evangile : « Non, cet homme qui viole ainsi le sabbat, n'est point de Dieu 2, » se vantant eux-mêmes d'être les fils légitimes : « Nous ne sommes pas nés de la fornication, disent-ils à Notre-Seigneur, nous n'avons qu'un seul père, c'est Dieu 3. — Et Jephté s'enfuit de la présence de ses frères et il habita dans la terre de Tob. » Le Christ s'enfuit, car il se cacha, dérobant sa grandeur; il s'enfuit, car ses bourreaux ne le connurent point : « S'ils l'avaient connu, jamais ils n'auraient crucifié le Seigneur de la gloire 4. » Il s'enfuit, car ses ennemis virent sa faiblesse dans la mort, et ils ne furent pas témoins de sa puissance dans la résurrection. Il habita dans une terre heureuse, ou, pour être plus précis , dans une terre excellente; car tel est le sens de l'expression grecque agathon en hébreu : Tob. Ceci me paraît désigner la résurrection du Christ d'entre les morts. Quelle terre plus heureuse qu'un corps terrestre devenu incorruptible, revêtu de la gloire de l'immortalité?