CHAPITRE XXVI. — Job connaît la grandeur de Dieu; ce n'est ni à lui ni à Baldad à donner des conseils au Tout-Puissant. — Paroles de Job.
2. « Pour qui viens-tu, et à qui veux-tu porter secours? » Les croyant injustes, il s'indignait contr'eux et voulait que Dieu les punît; mais réfléchissant en lui-même, il revient à de meilleures pensées et laisse à Dieu le soin de les juger. Il ne prétend point l'aider ni lui porter secours, comme s'il était trop faible pour arrêter à punir les coupables ; il ne veut point non plus lui tracer sa conduite à son égard, ni le suivre et rechercher pourquoi il laisse vivre les trompeurs; car les secrets de sa puissance sont impénétrables à toutes les recherches de notre intelligence. Il veut encore moins lui apprendre ce que sont ces hommes, car c'estde lui que l'homme tient le souffle, lorsqu'il exprime quelque pensée.
5. « Les géants seront-ils anéantis ? » Ne nous étonnons point si Dieu épargne ceux-ci, puisqu'il n'a pas anéanti les géants. Et pour qu'on ne lui objecte pas qu'ils sont' précipités en enfer, il ajoute que Dieu voit les enfers. Cependant il leur a assigné cette place qu'ils occupent selon leurs mérites; connu e il établit les justes, soit où ils sont aujourd'hui, soit où ils doivent- être un jour. Mais jamais il ne les éloigne de sa présence, car à ses yeux tout est à découvert. Il faut donc ici entendre dans le même sens, et les géants dont il vient de parler, et les orgueilleux consolateurs. « Sous les eaux aussi ceux qui leur ressemblent; » après ces mots, « sous les eaux, » faut-il sous-entendre : sont retenus, ou quelqu'autre expression analogue?
6. « Et la perdition n'est point pour lui voilée. Même ce qui se perd n'échappe point à son regard.
7. « Il lance l'aquilon dans le vide. » L'aquilon peut signifier ici le démon, et la terre le pécheur, car ni pour l’un ni pour l'autre il n'y a aucune solide, espérance. « Il suspend la terre sur le néant ; » dans l'air.
8. « Il retient les eaux dans ses nuées. » Ce sont les obscurités des prophéties. « Et les nuées ne se sont point divisées sous sa main. » La vérité contenue dans la nuée n'a point échappé à ceux qui out l'intelligence des Écritures. Il n'y a en elles aucune contradiction, comme le prétendent ceux qui n'en ont point l'intelligence.
9. « Il tient cachée la face du soleil 1. » Pour que les impies ne connaissent point le soleil de justice. « Et il étend sur lui sa nuée; » la chair qu'a revêtue Notre-Seigneur.
10. « Il a partout répandu sa loi sur la surface des eaux. » Parmi les peuples. « Jusqu'où finit la lumière; » jusqu'à la fin de cette vie, c'est-à-dire, jusqu'à la fin du monde, ou jusqu'à ce que soient consommés, c'est-à-dire perfectionnés ceux à qui il a été dit : « Vous étiez autrefois ténèbres, vous êtes maintenant lumière dans le Seigneur 2. »
11. « Les colonnes du ciel ont tremblé; elles se sont ébranlées au bruit de ses menaces. » Ce qui est arrivé à Pierre par la voix de Paul 3.
12. « Sa puissance a calmé la fureur des flots. » Il a mis fin dans le monde à l’acharnement des persécuteurs contre l'Eglise. Ces mots : « Les colonnes du ciel ont tremblé au bruit de ses menaces, » peuvent signifier : Les plus courageux dans l'Église ont tremblé pour les plus faibles, quand Dieu a permis les épreuves de la persécution. Une de ces colonnes s'écriait : « Qui est faible, sans que je sois faible avec lui ? Qui est scandalisé, sans que je brûle 4? — Sa main habile a blessé la baleine. » C'est la douleur qui blesse au vif le démon, quand les justes lui ont résisté.
13. « Et les secrets du ciel l'art redouté. » Ce sont les anges, ou ceux qui tiennent les clefs du royaume des cieux. « Il a commandé, et soudain est tombé le. dragon apostat. » Il en a dit autant de la baleine, mais ici il montre comment , celui-ci a été blessé ; c'est quand on l'abandonne et qu'on accepte les divins commandements.
14. « Tout ceci n'est qu'une partie de la route, » qui conduit à Dieu. « Et qui connaîtra la puissance de son tonnerre, quand il le fera gronder? » Son tonnerre est la voix qui retentira au jour des manifestations, ou bien encore cette parole qu'il nous a révélée par le fils du tonnerre « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu» 5 ; de sorte que ordre de la phrase serait celui-ci : « Quand il fera entendre soit tonnerre, » quelqu'un pourra-t-il « en connaître la puissance ? »