LIV.
« De même l'Esprit aussi aide notre faiblesse ; car nous ne savons ce que nous de vous demander dans la prière 1. » Evidemment saint Paul parle ici de l'Esprit-Saint, clairement désigné d'ailleurs dans ces paroles qui suivent : « C'est selon Dieu qu'il intercède pour les saints. » Donc nous ne savons ce que nous devons demander dans la prière, » pour deux raisons d'abord, l'objet futur de nos espérances, le but de nos efforts, ne paraît pas encore à nos yeux; ensuite, dans cette vie même nous pouvons souvent regarder comme un bonheur ce qui fait notre malheur et comme un malheur ce qui fait notre bonheur. Car, s'il arrive à un serviteur de Dieu quelque tribulation pour l'éprouver ou pour le corriger, les esprits simples n'y voient souvent aucune utilité; mais si l'on considère alors ce que dit le Psalmiste : « Secourez-nous par la tribulation ; la prospérité ne sert de rien à l'homme 2, » on comprend que le plus souvent Dieu vient à notre secours par l'affliction ; et c'est en vain qu'on attend de lui une délivrance qui est un malheur toutes les fois qu'elle enchaîne l'âme aux jouissances et à l'amour de cette vie. Delà aussi cette autre parole u J'ai trouvé la tribulation et la douleur, et j'ai invoqué le nom du Seigneur 3. » L'expression: « J'ai trouvé, » indique quelque chose d'utile; car nous ne saurions nous féliciter d'avoir trouvé que ce que nous cherchions. Ainsi donc « nous ne savons ce que nous devons demander dans la prière, » taudis que Dieu sait ce qui peut nous être utile en cette vie et ce qu'il doit nous donner en l'autre; « mais l'Esprit lui-même intercède avec des gémissements inénarrables. » L'Esprit gémit, c'est-à-dire il nous fait gémir, par la charité qu'il répand en nous et par le désir de la vie future qu'il y fait naître. C'est de cette manière qu'il est dit au Deutéronome : « Le Seigneur votre Dieu vous éprouve, afin de savoir si vous l'aimez 4, » c'est-à-dire afin de vous faire savoir à vous-mêmes si vous l'aimez. Rien en effet n'est caché à Dieu.