23. Abraham et les anciens patriarches justifiés par la foi et non par les oeuvres de la Loi 1.
Pour le même motif encore il parle des testaments humains, dont la force obligatoire est bien inférieure a celle du Testament divin. « Toutefois, dit saint Paul, quand le testament d'un homme est ratifié, nul ne le rejette ou n'y ajoute. » Si le testateur change son testament, c'est que ce testament n'est point ratifié, il ne l'est que par la mort. Or, de même que c'est la mort du testateur qui ratifie son testament, attendu qu'il ne peut plus alors en changer les dispositions; ainsi c'est l'immutabilité des promesses divines qui assure l'héritage légué à Abraham, à Abraham à qui sa foi fut imputée à justice 2. Aussi l'Apôtre enseigne-t-il que le rejeton d'Abraham « à qui s'adressaient les promesses, » n'est autre que le Christ, autrement tous les chrétiens qui imitent la foi d'Abraham. Il n'est pas dit, remarque-t-il : « A ceux qui naîtront, mais à Celui qui naîtra de toi, » et le singulier est ici employé parce que la foi est une, et que la justification ne saurait être la même pour ceux qui mènent une vie charnelle avec les oeuvres de la Loi et pour ceux dont la vie est spirituelle parce que c'est une vie de foi.
Ce qui est péremptoire pour l'Apôtre, c'est que la Loi n'était pas donnée 'encore, et que n'étant promulguée que si longtemps après, elle ne pouvait annuler les antiques promesses faites à Abraham. Effectivement, si c'est la Loi qui justifie, Abraham n'a pas été justifié, puisqu'il a vécu bien avant la Loi. Mais les adversaires de l'Apôtre ne sauraient nier la justification d'Abraham ; ils sont donc obligés de reconnaître que ce ne sont pas les oeuvres de la Loi qui justifient l'homme, mais la foi; et nous, nous devons admettre, à notre tour, que tous les anciens qui ont été justifiés l'ont été par, la foi également. D'ailleurs si la foi qui nous sauve embrasse aujourd'hui le passé, ou le premier avènement du Sauveur, et l'avenir, ou son second avènement ; les anciens pour être sauvés croyaient également tout ce que nous croyons, seulement ils voyaient dans l'avenir ce double avènement que leur montrait l'Esprit-Saint. Voilà pourquoi il est dit encore : «Abraham a désiré voir mon jour, il l'a vu et il s'est réjoui 3. »