4.
« Une bonne parole s’échappe de mon coeur, c’est au roi que j’adresse mes œuvres1». Quel est ici l’interlocuteur? est-ce Dieu le Père, ou le Prophète? Plusieurs ont compris que c’est le Père qui dit : « Une bonne parole est sortie de mon coeur », pour désigner une naissance ineffable, et nous empêcher de croire que Dieu eut besoin d’un secours étranger pour engendrer son Fils, comme un homme qui, pour engendrer des enfants, a recours au mariage, sans lequel nul homme n’a de postérité. Dieu donc, pour nous empêcher de croire que, pour engendrer son Fils, il a besoin de quelque mariage, s’écrie: « Une bonne parole ce s’est échappée de mon coeur». Aujourd’hui, ô homme, ton coeur enfante un dessein généreux et n’a nul besoin d’une épouse d’après ce conseil né de ton coeur, tu construis un édifice; or, cette oeuvre était déjà celle de ton esprit avant d’être celle de tes mains: elle est déjà faite dans ton esprit, par cela même que tu dois la faire: et tu t’extasies devant une construction qui n’existe pas encore, qui n’a nulle apparence d’un édifice, et qui n’existe que dans ton dessein; nul autre ne peut louer ton dessein, si tu ne lui en as fait part ou s’il n’a vu ton oeuvre. Donc, si fout est l’oeuvre du Verbe, et si le Verbe vient de Dieu, regarde l’oeuvre de cet édifice construit par le Verbe, et que l’édifice t’en fasse admirer le dessein. Quel doit être le Verbe, par qui sont faits le ciel et la terre, et toute la beauté des cieux, et la fécondité de la terre, et l’étendue des mers, et la capacité de l’air, et l’éclat des astres, et la clarté du soleil et de la lune? Voilà ce qui est visible; mais franchis au delà, élève-toi par la pensée jusqu’aux Anges, aux Principautés, aux Trônes, aux Dominations , aux Puissances: « Tout a été fait par lui ». Pourquoi donc toutes ces choses ont-elles été faites si bien? C’est parce que ce la bonne parole » qui devait les faire s’est échappée. Donc le Verbe est bon; et c’est au Verbe que l’on a dit: « Bon Maître ». Et le Verbe lui-même a répondu : « Pourquoi m’appeler bon? Il n’y a que ce Dieu seul qui soit bon2 ». On lui dit donc: « Bon Maître »; et il répond : «Pourquoi ce m’appeler bon? » puis il ajoute: « Il n’y a de bon que Dieu seul ». Comment donc lui-même est-il bon, sinon parce qu’il est Dieu? Et non-seulement Dieu, mais Dieu unique avec son Père. Quand il a dit en effet: « Il n’y a de bon que Dieu seul », il ne s’est point séparé de Dieu, mais il s’est uni à lui. « Une ce bonne parole s’est donc échappée de mon cœur ». Laissons à Dieu le Père ce langage au sujet de son Verbe qui est bon, qui est notre bien, et par lequel seul nous pouvons devenir bons.