13.
Mais, ô mon Dieu, quel mal vous ont-ils fait? Que le Prophète se livre maintenant aux transports de la joie. Dans tous les versets que nous venons d’expliquer, c’était Dieu qui parlait: nous entendions le Prophète, mais il nous parlait au nom de Dieu: Dieu était en lui. Mais quand le Prophète nous parie en son propre nom, le Seigneur se sert de lui comme d’un organe, car il lui dicte la vérité qu’il doit annoncer. Maintenant donc, mes frères, écoutons le Prophète nous parlant en son propre nom.
Le Prophète avait vu en esprit le Seigneur Jésus humilié, sanglant, frappé de verges, couvert de crachats, privé de l’usage de ses mains, souffleté, couronné d’épines, attaché à la croix : il avait vu la cruauté de ses ennemis et sa patience, leur joie insénsée et son apparente défaite; et, après tant d’humiliations de sa part, et tant de rage furieuse dela leur, il avait vu sa résurrection, et l’inanité des tourments dont les Juifs l’avaient accablé: alors, transporté de joie à la vue d’un spec. tacle qui semblait s’étaler sous ses yeux, il s’écrie : « O Dieu, élevez-vous au plus haut des cieux ! » Attaché à la croix en tant qu’homme, et comme Dieu, élevé au plus haut des cieux, voilà le Christ, Que vos ennemis restent sur la terre : pour vous, montez au plus haut des cieux, afin de les juger. Que sont devenus ces furieux? Où sont leurs dents tranchantes comme des épées, et perçantes comme des flèches ? Est-ce « que les blessures qu’ils ont faites, ne ressemblent pas aux blessures que les enfants font avec leurs flèches? » Le Psalmiste s’exprime ainsi dans un autre endroit pour montrer l’inutilité de leurs mauvais traitements et des fureurs auxquelles ils se sont abandonnés.
Ils n’ont pu nuire à celui qui a été crucifié un moment, mais qui est bientôt sorti vivant du tombeau pour aller s’asseoir dans le ciel : « Les blessures qu’ils ont faites, ressemblent donc aux blessures que les enfants font avec leurs flèches1». Avec quoi les enfants se font-ils des flèches? Avec des roseaux. Et alors, quelles flèches ! quelle force quel arc! quels coups ! quelles blessures ! « Seigneur, élevez-vous au plus haut des cieux, et que votre gloire se répande sur toute la terre ! » Pourquoi, Seigneur, êtes-vous élevé au plus haut des cieux ? Mes frères, nous ne voyons pas que Dieu soit élevé au plus haut des cieux, mais nous le croyons; que sa gloire soit au-dessus de toute la terre , nous le croyons et nous le voyons.
Veuillez remarquer le lamentable aveuglement des hérétiques. Ils se sont séparés de l’unité de l’Eglise de Jésus-Christ : ils tiennent à une partie et perdent le tout; ils refusent d’être en communion avec cet univers où s’est répandue la gloire du Sauveur. Nous autres catholiques, nous sommes partout, parce que d’un bout du monde à l’autre, partout où s’est manifestée la gloire de Jésus-Christ, on nous trouve unis parles liens d’une même foi. Nous voyons aujourd’hui l’accomplissement de cette prophétie de David: « Notre Dieu est élevé au plus haut des cieux, et sa gloire est répandue sur toute la terre ». O hérésie insensée! tu crois avec moi ce que tu ne vois pas, et tu ne crois pas ce qui se passe sous tes yeux? Tu crois avec moi que le Christ est élevé au plus haut des cieux, quoique nous ne le voyions pas; et tu nies que sa gloire soit répandue sur toute la terre, et néanmoins, il suffit d’ouvrir les yeux pour le voir. « Elevez-vous, Seigneur, au plus haut des cieux, et que votre gloire se répande sur toute la terre ».
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Ps. LXIII, 8. ↩