7.
« Leur fureur est pareille à la fureur d’un serpent » . Vous allez entendre quelque chose d’important. « Leur fureur est pareille à celle d’un serpent ». Comme si nous l’avions interrogé sur le sens de ces paroles, le Prophète ajoute: « D’un aspic qui est sourd »; pourquoi est-il sourd? « Et qui se bouche les oreilles ». Sa surdité vient donc de ce qu’il se bouche les oreilles. « Il se bouche donc les oreilles, et n’écoute ni la voix de l’enchanteur, ni celle du remède que lui prépare le sage1 ». Ce que nous disons ici, nous l’avons entendu dire à d’autres; nous disons ce que les hommes, appliqués à l’étude de ces choses, ont pu y comprendre, ce que l’Esprit-Saint connaît bien mieux que personne. Le Prophète s’est exprimé ainsi, sans doute, parce qu’il peut se faire que ce que nous avons entendu dire soit l’exacte vérité. Lorsqu’un marse enchanteur a commencé à exercer son influence sur l’aspic, par la récitation de quelques formules particulières, comme en emploient les magiciens, savez-vous ce que fait ce reptile? Veuillez avant tout, mes frères, faire une remarque; je vous préviens d’avance, afin qu’aucun d’entre vous n’éprouve de scrupule à écouter ce que je vais dire; quelles que soient les comparaisons dont elle se sert, jamais la sainte Ecriture ne donne d’importance et d’estime à l’objet même de la comparaison; elle ne fait qu’en tirer une similitude. Ainsi, le Sauveur n’a pas donné son approbation à ce juge inique, dépourvu de toute crainte de Dieu et des hommes, qui ne voulait point écouter la veuve de l’Evangile; il ne s’est servi de son exemple que pour faire une comparaison2. Jésus-Christ n’a pas non plus prétendu louanger l’homme indolent, qui a donné trois pains à son ami, plutôt pour échapper à ses importunités que pour lui témoigner son affection; néanmoins, il a utilisé son exemple et en a fait le sujet d’une comparaison. Des objets très-peu dignes de louanges servent donc parfois à établir, dans certaines limites, d’utiles similitudes. Parce que les divines Ecritures vous parlent d’enchanteurs, êtes-vous en droit de croire que vous devez vous rendre au milieu des Marses? S’il en était ainsi, vous devriez aussi fréquenter les spectacles et les théâtres, puisque l’Apôtre a dit: « Je ne lutte pas, comme si je battais l’air3 ». Car lutter, c’est donner le spectacle des cinq combats. Saint Paul a parlé de la lutte par simple comparaison; voulait-il nous inspirer du goût pour ces sortes de spectacles? Il a dit encore : « Celui qui combat dans la lice s’abstient de tout4 ». Un chrétien doit-il, en conséquence de ces paroles, affecter de courir au théâtre, et de s’occuper de vanités pareilles? Quand on se sert devant toi d’une comparaison, remarque donc attentivement ce qu’on veut t’apprendre et te défendre. Ainsi a-t-on voulu tirer une similitude du fait d’un Marse, qui enchante un aspic, pour le faire sortir de sa ténébreuse demeure? il veut l’amener au jour; l’aspic se plaît dans l’obscurité, au sein de laquelle il s’enveloppe et se cache; et, comme il ne veut pas en sortir, il refuse d’écouter la voix fascinatrice à laquelle il se sent porté à obéir malgré lui; pour cela, que fait-il? Il presse contre terre l’une de ses oreilles, tandis qu’à l’aide de sa queue il ferme l’autre; voilà comment il agit pour éviter de son mieux le piége du charmeur, et ne point sortir de son repaire. Le Saint-Esprit compare à ce reptile certains pécheurs, sourds à la voix de Dieu, et qui, loin de mettre en pratique la parole du Seigneur, font tout leur possible pour ne pas même l’entendre.