8.
« Vous ajouterez jours sur jours à la vie du roi1 ». Le roi dont il est ici question, c’est celui dont nous sommes les membres, c’est le Christ lui-même, notre chef, notre roi. Vous lui avez ajouté jours sur jours: vous lui avez donné, non-seulement cette vie passagère, qui a nécessairement un terme, mais encore l’autre vie, la vie sans fin de l’éternité; aussi a-t-il dit: « Je demeurerai dans la maison du Seigneur pendant toute la suite des jours2 », Pourquoi dit-il : « Pendant la suite des jours », si ce n’est par opposition avec la brièveté de la vie présente? Tout ce qui finit est de courte durée; mais les jours de l’existence de ce roi s’ajoutent à d’autres jours, de telle sorte que leur durée n’est pas éphémère, que le règne du Christ dans l’Eglise ne se borne pas à quelques années, mais qu’il se perpétue dans les siècles des siècles avec le règne des élus. Au ciel, il y a quantité de jours, et tous ces jours n’en font qu’un. Il y a quantité de jours, car j’ai dit : « Pendant la suite des jours». Ils n’en font qu’un, et c’est pourquoi il a été dit : « Vous êtes mon Fils; je vous ai engendré aujourd’hui3 ». Aujourd’hui indique un seul jour; mais ce jour n’a ni veille ni lendemain : de même qu’il ne commence pas là où finirait la veille, de même ne se termine-t-il pas au moment où commencerait le lendemain. L’Ecriture parle, dans le même sens, des années de Dieu : « Pour vous, Seigneur, vous êtes toujours le même, et vos années ne passeront pas4 ». Ces années sont comme des jours, comme un seul jour. Tu peux dire de l’éternité tout ce qui te plaira : dis d’elle tout ce que tu voudras, car quelle que soit ta manière de parler, tu n’en diras jamais assez: mais il faut nécessairement que tu en dises quelque chose, afin de pouvoir te former une idée de ce que tu ne saurais exprimer. « Vous ajouterez jours sur jours à la vie du Roi, et vous étendrez ses années de génération en génération », c’est-à-dire de la génération présente à la génération future; de la génération présente que l’on compare à la lune, parce que toutes les générations du temps lui ressemblent; puisque, comme cet astre, elles naissent, croissent, arrivent à leur apogée, décroissent et finissent par disparaître : à la génération future dont nous ferons partie à la suite de notre résurrection; alors, nous demeurerons avec Dieu dans notre habitation permanente, et nous y brillerons, non pas de l’éclat de la lune, mais de celui du soleil, suivant cette parole du Sauveur : « Alors les justes seront éclatants comme le soleil, dans le royaume de leur Père5». Dans les saints Livres, la lune est le symbole de l’inconstance de notre condition mortelle. Celui qui tomba entre les mains des voleurs, descendait de Jérusalem à Jéricho ; or, Jéricho est un mot hébreu qui signifie Lune: cet homme quittait donc le séjour de l’immortalité pour descendre à celui de la mort; voilà pourquoi il a été blessé en son chemin par les voleurs et laissé à moitié mort6. Cet homme n’était autre qu’Adam, le père commun de tous les hommes. Donc, « vous ajouterez jours sur jours à la vie du Roi, de génération en génération ». La première de ces générations désigne celle qui est sujette à la mort: c’est évident; mais la seconde, dont tu as fait mention, que désigne-t-elle? Le voici ; écoute-moi.