6.
« Ils ont bandé leur arc et empoisonné leurs flèches » Sous le nom d’arc le prophète veut désigner des embûches, des pièges. Celui qui se sert de l’épée pour se battre de près, attaque son ennemi en face ; mais employer des flèches, c’est vouloir le frapper en traître; car une flèche vient vous blesser avant même que vous ayez le temps d’y penser. Mais qui est-ce qui pouvait être dupe de ces artifices du coeur humain? Etait-ce Notre-Seigneur Jésus-Christ? « Mais il n’avait pas besoin qu’on lui apprît ce qui se trouvait dans le coeur de l’homme, car il savait parfaitement ce qui s’y trouvait ». C’est le témoignage que lui rend l’évangéliste1. Ecoutons néanmoins leurs discours, voyons les projets qu’ils ont formés, dans l’idée que le Christ ignorait leurs desseins. « Ils ont bandé leur arc, et empoisonné leurs flèches pour en percer l’innocent dans les ténèbres». Vous savez de quelles ruses ils se sont servis : ils ont acheté à prix d’argent un homme de sa société, l’un de ses disciples, pour qu’il les aidât à mettre la main sur lui2; des faux témoins ont été fournis par eux : tels sont les pièges et les artifices dont ils ont fait usage « pour percer l’innocent dans les ténèbres ». Abominable conduite ! se mettre dans l’ombre, en un lieu caché, pour lancer des flèches sur un homme innocent, pour frapper et faire mourir celui qui n’avait pas en lui-même une tache aussi large que la pointe d’une de ces flèches. Leur victime n’était autre que cet innocent Agneau, qui jamais ne fut souillé, qui toujours fut parfaitement pur et exempt de toute tache, et qui à aucune époque n’eut besoin d’être purifié, parce qu’en aucun temps il ne contracta de souillure. Il a rendu à beaucoup la robe blanchie de leur innocence en leur pardonnant leurs fautes; mais, pour lui, il n’a jamais cessé de porter ce vêtement d’éclatante blancheur, parce qu’il n’a jamais commis le péché. « Pour percer l’innocent dans les ténèbres ».