26.
Tous ces fléaux de l’Egypte peuvent s’entendre d’une manière allégorique, selon qu’il plaît à chacun de les interpréter, et de leur trouver des analogies. Nous essayerons de le faire aussi, et nous y réussirons comme il plaira au Seigneur de nous éclairer. Nous y sommes forcés par les paroles de ce psaume: « J’ouvrirai ma bouche en parabole, j’exposerai les énigmes dès le commencement ». Aussi voyons nous dans ce récit du psaume des plaies dont l’Ecriture ne nous dit point que les Egyptiens aient été frappés, bien que tous ces fléaux soient décrits très exactement dans l’Exode. Toutefois ce n’est pas sans raison que nous lisons dans le psaume ce qui n’est pas dit ailleurs; comme nous ne pouvons y voir que des figures, nous devons comprendre que ces autres plaies qui sont arrivées très-certainement , n’ont été envoyées par Dieu et écrites par Moïse, que pour être des figures. C’est ce que nous pouvons remarquer en beaucoup d’endroits prophétiques de l’Ecriture. Elle nous raconte parfois des particularités que l’on ne trouve point dans l’histoire qu’elle en a écrite et qu’elle semble rappeler, souvent même on trouve le contraire; afin que nous jugions de là que son but n’est point celui que l’on croirait tout d’abord , mais qu’il faut nous élever à une pensée supérieure. Aussi, quant à ces paroles: « il dominera depuis la mer jusqu’à la mer, et depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre1»; il est constant qu’elles n’ont pas été accomplies sous le règne de Salomon, que le psaume paraît chanter, tandis qu’il chante le Christ. Ainsi donc, dans ces plaies des Egyptiens, que nous marque d’une manière exacte le livre que l’on nomme Exode, et où l’Ecriture a pris soin de nous détailler ces fléaux dont ils furent accablés, nous ne trouvons pas ce que dit notre psaume; « Il détruisit leurs maisons par la rouille». De plus, après avoir dit: « Il abandonna leurs bestiaux à la grêle », le Prophète ajoute : «Et leurs possessions au feu du ciel ». Or, nous lisons bien dans l’Exode2, que leurs bestiaux furent frappés de la grêle, mais non que leurs possessions aient été détruites par le feu. Il est vrai qu’à la grêle se mêlent des bruits et des feux, comme le tonnerre et les éclairs; et pourtant il n’est pas écrit que ces feux aient rien consumé. Enfin il n’est point dit que les plantes flexibles que la grêle ne pouvait blesser, aient été frappées ou blessées par des coups violents, puisqu’elles furent ensuite la proie des sauterelles3. De même encore il est dit: « Il fit périr leurs sycomores par les frimas », ce qui n’est pas dans l’Exode. Car les frimas diffèrent beaucoup de la grêle, et en hiver, pendant les nuits sereines, les frimas blanchissent la terre.