9.
Mais comment y arriver? « Bienheureux l’homme dont vous prenez la tutelle, ô mon Dieu1 !» Le Prophète a compris qu’en cette vie la fragilité de notre chair nous empêche de voler au séjour du bonheur; il a considéré ce qui nous pèse; car « le corps qui est corruptible appesantit l’âme», est-il dit ailleurs, « et cette demeure terrestre ralentit l’esprit malgré la vivacité de ses pensées2». L’esprit tend à s’élever, et la chair, à cause de son poids, à s’abaisser : ces deux mouvements établissent une lutte; et ce combat est une peine du pressoir. Ecoute l’Apôtre nous peindre cette pression qui vient de la lutte; car, lui aussi, en sentait le poids, en sentait l’oppression : « Selon l’homme intérieur, je trouve des charmes dans la loi de Dieu; mais je sens dans mes membres une autre loi, qui combat contre la loi de mon esprit, et qui me tient captif sous la loi du péché, qui est dans mes membres ». Combat douloureux, mes frères, et quelle espérance d’en sortir, sans le secours dont il nous parle ensuite : « Malheureux homme que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort? La grâce de Dieu, par Notre-Seigneur Jésus-Christ3 ». Voici donc les joies qu’a vues notre interlocuteur, qu’il a méditées dans son esprit : « Bienheureux ceux qui habitent votre maison, ils vous béniront dans les siècles des siècles ». Mais qui pourra s’y élever? que deviendra ce poids de la chair? « Bienheureux ceux qui habitent votre maison, ils vous béniront dans les siècles des siècles. En moi l’homme intérieur trouve des charmes dans la loi de Dieu ». Mais que faire? Comment prendre mon vol? Comment parvenir à ces hauteurs? « Je sens dans mes membres une loi qui est contraire à celle de l’esprit ». Il déplore son malheur, et il s’écrie : « Qui me délivrera du corps de cette mort », afin que j’habite la maison du Seigneur, pour le bénir dans les siècles des siècles? « Qui me délivrera? La grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur ». Ainsi d’une part, l’Apôtre ne trouve de remède à cet embarras, à cette lutte en quelque sorte inextricable que dans « la grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur»; d’autre part, le Prophète, soupirant après la maison de Dieu dans l’ardeur de ses désirs, mais considérant et le poids de sa chair, et l’embarras du corps, semble se laisser abattre, puis reprenant l’espérance, il s’écrie : « Bienheureux l’homme dont vous prenez la tutelle, ô mon Dieu ».