2.
« Seigneur, inclinez votre oreille, et exaucez-moi1 ». Ainsi dit le Christ dans la forme de l’esclave; toi, esclave, parle dans la forme de ton Seigneur : « Inclinez votre oreille, ô Dieu, et exaucez-moi ». Il incline son oreille, si tu n’élèves point trop la tête. Car il s’approche de celui qui s’humilie; il s’éloigne de celui qui s’élève, à moins que lui-même ne l’ait relevé de son humilité. Dieu donc a incliné son oreille vers nous, lui si haut, et nous si bas; lui, dans la splendeur de la gloire, nous, dans la dernière abjection, mais pas sans remède néanmoins. « Il a montré son amour pour nous, et lorsque nous étions impies, il est mort pour nous. C’est à peine si quelqu’un voudrait mourir pour un homme juste; même pour un bienfaiteur quelqu’un se présenterait-il? « Mais Notre-Seigneur est mort pour les impies2 ». Aucun mérite ne nous avait précédés pour que le Fils de Dieu mourût pour nous, et cette absence de mérites a fait ressortir sa miséricorde. Combien est donc sûre, combien est infaillible cette promesse de garder sa vie pour les justes, qu’a faite celui qui a donné sa vie pour les hommes injustes! « Inclinez, Seigneur, votre oreille, et écoutez-moi, car je suis pauvre et indigent ». Dieu donc n’incline point l’oreille vers celui qui est riche, il l’incline au contraire vers celui qui est pauvre et indigent, ou plutôt qui est humble, qui avoue ses fautes, qui a besoin de miséricorde, non point vers l’homme rassasié qui s’élève, qui se glorifie, comme s’il ne manquait de rien, et qui dit « Je vous rends grâces de ce que je ne suis point comme ce publicain3». Le Pharisien était riche, puisqu’il vantait ses mérites, le publicain était pauvre et confessait ses péchés.