12.
« Les ténèbres connaîtront-elles vos merveilles, et votre justice paraîtra-t-elle dans la terre de l’oubli1? » Ce qui est « dans les ténèbres », est aussi « dans la terre de l’oubli ». Or, ces ténèbres signifient les infidèles, selon cette parole de l’Apôtre: « Autrefois en effet vous étiez ténèbres2 ». Ainsi la terre de l’oubli n’est que l’homme oublié de Dieu. Car l’âme infidèle peut arriver à des ténèbres si profondes, que l’insensé dise dans son coeur : « Il n’y a pas de Dieu3 ». Voici donc la suite de tout ce qui est dit dans ces versets : « J’ai crié vers vous » au milieu des douleurs; « j’ai élevé mes mains, pendant tout le jour », c’est-à-dire je n’ai cessé d’étendre mes oeuvres, afin de vous glorifier, ô mon Dieu. Pourquoi cette fureur des impies contre moi, sinon parce que vous ne ferez point de merveilles parmi les morts? c’est-à-dire, parce qu’ils ne sont point touchés par la foi, que les médecins ne les ressusciteront point, et n’amèneront point à vous louer ceux en qui votre grâce n’agira point invisiblement, pour les entraîner à la foi ; car nul ne vient à moi, à moins que vous ne l’attiriez. « Qui en effet racontera votre miséricorde dans le sépulcre? » c’est-à-dire, en parlera à cette âme sans vie, qui gît sous le poids du corps? « Qui dira votre vérité dans la perdition? » c’est-à-dire dans cette mort incapable de rien voir et de rien sentir ? Est-ce en effet dans les ténèbres de cette mort, ou dans cet homme, qui a perdu en vous oubliant la lumière de la vie, « que l’on pourra connaître vos merveilles et votre justice? »