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Werke Augustinus von Hippo (354-430) Enarrationes in psalmos Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CVIII.

4.

« Au lieu de m’aimer », dit le Prophète, ils me déchiraient1 ». Il y a dans l’amour et la haine six degrés qu’il suffit d’énoncer pour les Faire comprendre facilement: rendre le bien pour le mal, ne point rendre le mal pour le mal; rendre le bien pour le bien, rendre le mal pour le mal; ne point rendre le bien pour le bien, et rendre le mal pour le bien. Les deux premiers sont l’apanage des bons, et de ces deux le premier est préférable; les deux derniers sont l’apanage des méchants, et le dernier est le pire des deux. Les deux autres tiennent en quelque sorte le milieu, mais le premier touche aux bons, le second touche aux méchants. Voilà ce qu’il nous fait voir dans les saintes Ecritures. Dieu rend le bien pour le mal, quand « il justifie l’impie2», et quand il était suspendu à la croix, il dit: « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font3 ». A son exemple, saint Etienne mit le genou en terre et pria pour ceux qui le lapidaient, en s’écriant : « Seigneur, ne leur imputez pas ce péché4». C’est à quoi nous oblige le précepte: « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent5». L’apôtre saint Paul nous engage à ne point rendre le mal pour le mal: « Ne rendez à personne le mal pour le mal6», nous dit-il. Et saint Pierre: « Ne rendez point le mal pour le mal, ni la malédiction pour la malédiction7 ». De là cette parole qu’on lit dans les psaumes : « Si j’ai rendu le mal à ceux qui me maltraitaient8 »; vous le savez. Quant aux deux derniers degrés, celui qui est le moins coupable se voit chez les neuf lépreux que guérit le Seigneur, et qui ne l’en remercièrent point9, Et le dernier, qui est le pire de tous, est le propre de ceux dont le psaume a dit: « Au lieu de m’aimer, ils me déchiraient ». Tant de bienfaits du Seigneur sollicitaient leur amour, et non-seulement ils étaient loin de le lui rendre, mais au lieu du bien ils rendirent le mal. Les deux degrés intermédiaires, que nous avons assignés aussi à des hommes pour ainsi dire du milieu, sont de telle nature que le premier, qui consiste à rendre le bien pour le bien, soit le propre des bons, et de ceux qui n’ont qu’une bonté médiocre, et de ceux qui n’ont qu’une médiocre méchanceté. De là vient que Jésus-Christ, sans les blâmer, ne veut point que ses disciples s’en tiennent a ces venus médiocres, mais il veut les élever plus haut, quand il leur dit: « Si vous aimez ceux qui vous aiment », c’est-à-dire, si vous rendez le bien pour le bien, « quelle récompense méritez-vous », c’est-à-dire, quel grand bien faites-vous? « Les Publicains ne le font-ils pas aussi10? » Ce qu’il désire, c’est que ses disciples en agissent ainsi tout d’abord, et même beaucoup mieux, c’est-à-dire qu’ils ai ment non seulement leurs amis, mais aussi leurs ennemis. Pour l’autre degré, qui consiste à rendre le mal pour le mal, qu’il soit la part des méchants, de ceux qui n’ont qu’une méchanceté médiocre, ou qu’une médiocre bonté ; car la loi leur prescrit la manière de se venger: « Oeil pour oeil, et dent pour dent11 » : on pourrait appeler cela justice des injustes. Non qu’il soit injuste qu’un homme soit traité comme il a traité les autres; car alors la loi ne l’aurait point statué; mais parce que le désir de se venger est un vice, et qu’il est mieux pour un juge de l’ordonner à l’égard des autres, que pour un homme de bien de le désirer pour lui-même. Aussi une fois tombé de cette hauteur de la vertu, où l’on rend le bien pour le mal, à quel profond abîme de malice n’arrive point l’impie, qui rend le mal pour le bien? Quelle chute lui a fait parcourir tous les degrés ? Et nous ne devons pas regarder comme sans importance, que le Prophète ne dit point t Au lieu de l’amour ils me donnaient la mort; mais, « ils me calomniaient». Car ils ne l’ont mis à mort que par leurs calomnies, en niant qu’il fût Fils de Dieu, et en l’accusant « de chasser les démons au nom du prince des démons12 », et en disant : « C’est un possédé du démon, c’est un fou, pourquoi l’écouter13? » et autres blasphèmes. Or, ces calomnies détournaient de lui ceux qu’il cherchait à convertir. Il a donc choisi ce langage pour montrer que ceux-là qui calomnient le Christ, et tuent ainsi les âmes, sont plus coupables que ceux qui ont tué dans leur fureur sa chair mortelle, surtout qu’elle devait ressusciter bientôt.


  1. Ps. CVIII, 4. ↩

  2. Rom. IV, 5.  ↩

  3. Luc, XXIII, 34.  ↩

  4. Act. VII, 59.  ↩

  5. Math. V, 44.  ↩

  6. Rom. XII, 17.  ↩

  7. I Pierre, III, 9.  ↩

  8. Ps. VII, 5. ↩

  9. Luc, XVII, 12, 18. ↩

  10. Matth. V, 46. ↩

  11. Deut. XIX, 21.  ↩

  12. Luc, XI, 15.  ↩

  13. Jean, X, 20.  ↩

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Discours sur les Psaumes

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