5.
«Mon âme est toujours entre vos mains1». On lit dans plusieurs exemplaires, « entre mes mains»; mais dans le plus grand nombre, « entre vos mains », et le sens est clair les âmes des justes, en effet, sont entre les mains de Dieu2; et nous-mêmes sommes entre ces mains ainsi que nos paroles3. « Et je n’ai point oublié votre loi », dit le Prophète; comme si ces mains de Dieu entre lesquelles est son âme aidaient sa mémoire à ne point oublier la loi de Dieu. Mais je ne sais en quel sens il faudrait dire: « Mon âme est entre mes mains ». Ce langage n’est point celui de l’injuste, mais du juste qui retourne à son Père, et non qui s’en éloigne. On pourrait dire que le prodigue de l’Evangile voulait avoir son âme entre ses mains, quand il disait à son Père : « Donnez-moi la portion de bien qui doit m’échoir4 ». Mais telle fut la cause de sa mort, la cause de sa perdition. Ou bien cette expression: «Mon âme est entre mes mains », signifierait-elle que le Prophète offre son âme à Dieu afin qu’elle soit vivifiée ? Elle reviendrait alors à cette autre : « J’ai levé mon âme vers vous5 ». Car le Prophète a dit plus haut: « Vivifiez-moi ».