2.
« Je vous confesserai, Seigneur, dans toute l’effusion de mon âme1». Le titre d’un psaume nous en indique ordinairement le sens intime : mais ici, comme il se borne à nous dire que c’est un chant pour David, c’est le premier verset qui nous indique le sujet de tout le psaume. « Je vous confesserai, Seigneur, dans toute l’effusion de mon âme ». Ecoutons donc cette confession. Mais auparavant je vous rappelle que dans les saintes Ecritures, cette expression, confesser au Seigneur, s’entend de deux manières, d’une confession des péchés, et d’une confession de louanges. Chacun connaît la confession des péchés, mais il en est peu pour connaître la confession de louanges. La première est tellement connue que quand nous rencontrons dans les Ecritures ces paroles : « Je vous confesserai, Seigneur», ou « nous vous confesserons », la coutume de l’entendre ainsi fait que nos mains cherchent à frapper nos poitrines, tant les hommes sont habitués àne voir dans la confession que celle des péchés. Mais Notre-Seigneur Jésus-Christ était- il un pécheur, lui qui dit dans l’Evangile: « Je vous confesse, ô mon Père, Seigneur du ciel et de la terre?» La suite nous montre ce qu’il confessera; et nous indique une confession de louanges, et non l’aveu des péchés. « Je vous confesse», dit-il, «ô mon Père, Dieu du ciel et de la terre, parce que vous avez dérobé ces choses aux sages et aux prudents, pour les révéler aux petits2». Il a donc loué son Père, il a loué Dieu, qui ne méprise point les humbles, mais les superbes; et la confession que nous allons entendre dans notre psaume est une confession de louanges et d’actions de grâces. « Seigneur », dit-il, «je vous confesserai de tout mon coeur ». C’est donc mon coeur tout entier que je mets sur l’autel de votre confession, c’est un holocauste de louanges que je viens vous offrir. Car on appelle holocauste ce sacrifice où tout est consumé; puisque olon, en grec, se traduit en latin par totum, tout entier. Or, vois comment il offre un holocauste spirituel celui qui dit : « Seigneur, je vous confesserai de tout mon coeur». Oui, que la flamme de votre amour embrase entièrement mon coeur; que rien de ce qui est à moi ne m’appartienne plus, ni ne me fasse replier sur moi-même ; que tous mes désirs soient pour vous, toute mon ardeur pour vous, tout mon amour pour vous, que je sois embrasé de vous-même. « Seigneur, je vous confesserai de tout mon coeur, parce que vous avez entendu les paroles de ma bouche ». De quelle bouche, sinon de la bouche de mon coeur? Nos coeurs aussi ont une voix que Dieu entend, bien qu’elle n’arrive pas à l’oreille de l’homme. Ils criaient sans doute, les accusateurs de Suzanne, mais ils ne levaient pas les yeux au ciel : tandis que Suzanne silencieuse criait de tout son coeur. De là vient qu’elle mérita d’être exaucée, eux d’être châtiés3. Nous avons donc une bouche intérieure; c’est là que nous prions, et de là encore que nous prions. Et si nous avons préparé à Dieu un logis, une demeure, c’est là que nous lui parlons, là que nous sommes exaucés : car il n’est pas éloigné de chacun de nous: « c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être4 ». Il n’y a que le péché qui nous éloigne de Dieu. Renverse la muraille du péché qui s’élève entre toi et Dieu, et tu seras avec celui que tu implores. « Vous avez entendu les paroles de ma bouche», dit le Prophète, «et je vous confesserai ».