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On pourrait comprendre toutefois: « Vous avez étendu votre main sur la colère de mes ennemis », en ce sens que mes ennemis s’irritaient, et que votre main m’a vengé de leur colère. « Le pécheur verra et frémira, il grincera des dents et sèchera de dépit1». Où sont-ils ceux qui criaient: Plus de chrétiens sur la terre, périsse leur nom ! Ils sont morts ou convertis. Donc, « vous avez u étendu votre main contre la colère de mes ennemis», pendant que, selon la parole du Psalmiste, « ces ennemis m’accablaient d’outrages. Quand mourra-t-il? Quand périra « son nom2 ? » Quand le nom chrétien disparaîtra-t-il de la terre? Ainsi disaient-ils, et déjà une partie a embrassé la foi, une partie a disparu; le peu qui reste est dans la crainte. Quelle n’était point la colère de nos ennemis quand le sang des martyrs coulait de toutes parts? Comme ils se promettaient alors d’exterminer de la terre jusqu’au nom des chrétiens ! « Vous avez étendu votre main contre la colère de mes ennemis, et votre droite m’a sauvé ». Voilà que les persécuteurs des martyrs s’enquièrent aujourd’hui des fêtes des martyrs, ou pour y adorer Dieu, ou pour s’y enivrer; mais ils les recherchent. « Vous avez étendu la main contre la colère de mes ennemis, et votre droite m’a sauvé». Elle m’a procuré le salut que je désirais. Il y a un salut qui appartient à la droite du Seigneur, comme il y a un salut qui appartient à la gauche. C’est dans la gauche qu’est le salut temporel et charnel, et dans la droite le salut éternel avec les anges: aussi est-il dit que le Christ est assis à la droite de Dieu3, maintenant qu’il est immortel. Sans doute il n’y a en Dieu ni droite ni gauche ; mais la droite de Dieu s’entend de ce bonheur suprême, ainsi nommé parce qu’on ne saurait le montrer aux yeux. Telle est la droite qui m’a donné le salut, mais non un salut temporel. Crispine fut mise à mort, mais Dieu l’avait-il donc abandonnée? Il ne la sauva point de sa gauche, ruais il la sauva de sa droite. Quels ne furent point les tourments des Machabées4 ! Les trois enfants au contraire bénissaient Dieu en marchant au milieu des flammes5. Aux uns le salut vint de la droite de Dieu, aux autres de la gauche. Quelquefois donc il n’accorde pas à ses saints le salut de la gauche, mais toujours celui de la droite; quant aux impies, il leur accorde parfois le salut de la gauche, mais non celui de la droite. Les bourreaux de Crispine avaient la santé du corps ; elle mourut et ils vivent. A eux le salut de la gauche, à Crispine le salut de la droite. « Et votre droite m’a sauvé».