16.
Il est un autre sens qu’il ne faut pas négliger, qui est peut-être même préférable:
« Seigneur Jésus-Christ, vous rendrez, et non pas moi ». Car si je rends, j’ai pris; mais vous, Seigneur, vous avez payé sans avoir pris. « Seigneur, vous rendrez à ma place ».
Voyez comme il rend pour nous; on vient réclamer le tribut, et on exigeait le didrachme, ou deux drachmes pour tout homme ; on vient donc réclamer le tribut au Sauveur, ou plutôt, non point à lui, mais à ses disciples, et on leur dit: « Votre maître ne paye-t-il point le tribut? » Ils l’allèrent dire au Sauveur; et celui-ci : « De qui les rois de la terre exigent-ils le tribut? de leurs enfants ou des étrangers? Des étrangers », répondirent-ils. « Donc les enfants sont libres » , dit le Sauveur. « Toutefois, afin de ne point les scandaliser, allez », dit-il à Pierre, « et jetez votre hameçon à la mer, et au premier poisson qui sortira de l’eau ouvrez la bouche , vous y trouverez un statère » c’est-à-dire deux didrachmes ; car le statère est une pièce de monnaie qui vaut quatre drachmes. « Vous le trouverez là et vous le donnerez pour moi et pour vous1. Seigneur vous rendrez à ma place ». Il est donc heureux pour nous d’avoir le premier poisson pris à l’hameçon, saisi à l’hameçon, le premier sorti de la mer, le premier-né d’entre les morts. C’est dans sa bouche que nous trouvons deux didrachmes, ou quatre drachmes, c’est-à-dire que dans sa bouche nous trouvons les quatre Evangiles. Or, ces quatre drachmes nous délivrent de toute exaction de la part du monde : car au moyen des quatre Evangiles nous ne sommes plus en dette, puisque tous nos péchés nous sont remis. Le Christ a donc payé pour nous; rendons grâces à sa miséricorde. Il ne devait rien, et dès lors il n’a point payé pour lui, mais pour nous. « Voilà», dit-il, « que vient le prince du monde, et il ne trouvera rien en moi ».Qu’est-ce à dire, « il ne trouvera rien en moi?»Il ne trouvera en moi aucun péché, il n’a aucun motif de m’envoyer à la mort. Mais afin », dit-il, « que tous comprennent que je fais la volonté de mon Père, levez-vous, sortons d’ici2». En quel sens, « levez-vous, sortons d’ici ?» c’est-à-dire, ce n’est point par nécessité, mais volontairement que je souffre, rendant ce que je ne dois point. « Seigneur, vous rendrez pour moi ».