12.
« Vous haïssez ceux qui s’attachent inutilement à la vanité ». Qui s’attache à la vanité? Celui qui meurt par la crainte de la mort. La crainte de la mort le fait mentir, et il meurt avant même de mourir, lui qui ne mentait qu’afin de vivre. Tu mens, pour ne pas mourir, et alors tu as le mensonge et la mort: en voulant te dérober à une mort que tu peux différer un peu, mais non éviter, tu encours une double mort, celle de l’âme, et ensuite celle du corps. D’où vient ce malheur, sinon de ton attachement aux vanités? C’est que ce jour qui fuit a de l’attrait pour toi, tu fais tes délices du temps qui s’envole, dont tu ne peux rien retenir, qui au contraire t’emporte avec lui. « Vous haïssez ceux qui s’attachent sans profit à la vanité. » Pour moi, qui n’aime point la vanité, je mets en Dieu mon espoir. Tu espères dans ton argent, c’est t’éprendre de la vanité; tu espères dans les honneurs, dans le faste de la grandeur humaine, c’est t’éprendre de la vanité; tu espères dans quelque ami puissant, c’est t’éprendre de la vanité. Quand tu as unis ton espoir en tout cela, ou bien tu l’abandonnes par la mort; ou, si tu vis, tout vient à périr, et ton espoir est trompé. C’est de cette vanité, que le Prophète lsaïe disait : « Toute chair n’est que de l’herbe, et toute sa gloire n’est que la fleur d’une herbe: l’herbe se dessèche et la fleur tombe, mais la parole du Seigneur demeure éternellement1 ». Pour moi, loin d’imiter ceux qui espèrent dans la vanité, s’attachent à la vanité, j’ai mis mon espoir en Dieu qui n’est point la vanité.
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Isa. XI, 6. ↩