10.
« Et dont la bouche ne recèle aucun déguisement1 ». Mais ceux qui reculent devant l’aveu de leurs fautes, font d’inutiles efforts pour les cacher. Plus ils s’efforcent de se défendre du péché, en faisant valoir leurs mérites, et en s’aveuglant sur leurs iniquités, plus s’énerve leur force et leur courage. Celui-là est véritablement fort qui a mis sa force en Dieu et non point en lui-même. Aussi saint Paul disait-il: « Trois fois j’ai prié le Seigneur d’éloigner de moi (cet ange de Satan); et il m’a répondu: Ma grâce te suffit. Ma grâce», a-t-il dit, et non point ta force. « Ma grâce te suffit », dit-il, « car c’est dans la faiblesse que se perfectionne la force ». De là vient que l’Apôtre, à son tour, nous dit plus loin:
« Quand je suis faible, c’est alors que je deviens fort2 ». Donc celui qui se prétend fort, qui se relève à ses yeux, qui vante ses mérites, quelque grands qu’ils puissent être, est semblable au pharisien, qui se vantait avec faste des dons qu’il reconnaissait avoir reçus de Dieu: « Je vous rends grâces3 », dit-il, Voyez, mes frères, quel orgueil Dieu nous met sous les yeux : il est tel, qu’un homme juste pourrait y tomber, tel, qu’il peut se glisser chez l’homme dont on a la meilleure espérance. « Je vous rends grâces », disait-il. Donc en disant : « Je vous rends grâces n, il avouait qu’il avait reçu de Dieu ce qui était en luit « Qu’avez-vous, que vous n’ayez pas reçu4?» Donc « je vous rends grâces», dit-il; « je vous rends grâces, de ce que je ne suis point comme les autres hommes, qui sont voleurs, injustes et adultères, ni même comme ce publicain5 ». En quoi consiste donc l’orgueil de cet homme? Non pas à rendre grâces à Dieu du bien qu’il trouve en lui, mais à abuser de ces mêmes biens pour se préférer aux autres.