9.
« J’ai vieilli au milieu de tous mes ennemis (Ps. VI, 8 ) ». Il avait parlé de colère, si c’est toutefois de sa propre colère; mais en considérant tous les autres vices, il trouve qu’il en est environné. Comme ces vices nous viennent de notre première vie et du vieil homme dont il faut nous dépouiller pour revêtir l’homme nouveau, le psalmiste dit fort bien : « J’ai vieilli ». « Au milieu de tous mes ennemis » peut s’entendre ou des vices, ou des hommes qui ne veu1ent point retourner à Dieu; car ces hommes, quoiqu’à leur insu, malgré leurs ménagements, bien qu’ils vivent en paix avec nous, dans les mêmes villes, sous le même toit, à la même table, qu’ils s’entretiennent souvent et paisiblement avec nous; ces hommes , par leurs intentions contraires aux nôtres, sont ennemis de quiconque veut retourner à Dieu. Car si les uns aiment le monde et s’y attachent, et que les autres désirent en être délivrés, qui ne voit que les premiers sont ennemis des seconds, qu’ils entraînent, quand ils peuvent, dans les mêmes châtiments? Et c’est une grande faveur de Dieu d’entendre journellement leur conversation, et de ne point s’écarter de la voie des commandements de Dieu. Souvent une âme qui s’efforce d’aller à Dieu, se laisse ébranler et s’effraie dans sa route, et la plupart du temps elle abandonne ses résolutions, parce qu’elle craint d’offenser ceux qui vivent avec elle, et qui recherchent avidement les biens passagers et périssables. Tout coeur parfaitement sain s’en sépare non de lieu, mais d’affection; car l’amour est à l’âme ce qu’est pour les corps le lieu qui les contient.