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C’est là ce qui est arrivé; les Apôtres sont allés dans le monde, ils ont souffert de grands maux. Car souffrons-nous autant pour entendre ces vérités, qu’ils ont souffert pour les annoncer? Non assurément. Notre labeur sera-t-il pour cela sans fruit? Non encore. Je vous vois en foule compacte ; mais vous, voyez la sueur de mon front. Si nous souffrons avec le Christ, nous régnerons aussi avec lui1. Cela s’est donc fait. Et aujourd’hui nous célébrons la mémoire des martyrs, ou de ces brebis envoyées au milieu des loups2. Ce lieu où nous parlons était infesté de loups, quand fut égorgé le bienheureux martyr Cyprien: une seule brebis que l’on saisit fut plus forte que tous les loups ensemble, une seule brebis égorgée a peuplé de brebis cette contrée. Alors la mer en courroux soulevait le flot des persécutions, et couvrait la terre sèche, qui avait soif du ciel de Dieu. Aujourd’hui le nom de Jésus-Christ est glorifié par les douleurs qu’ont endurées ceux qui ont brisé les persécuteurs dans leur choc : et il s’est assujetti toutes ces puissances, en foulant aux pieds ce flot de l’abîme. Or, quand tout cela s’est accompli, pensez-vous qu’ils voient d’un oeil calme et sans frémir de colère, et nos assemblées, et nos fêtes, et nos solennités, et ces manifestations publiques de notre culte, ceux qui en sont les témoins, sans partager notre foi ? C’est alors que s’accomplit sur eux cette prophétie : « Le pécheur verra, et il frémira de colère ». Mais qu’arrivera-t-il de cette colère? O brebis, ne craignez plus ce loup féroce. Ne redoutez maintenant, ni sa rage, ni ses impuissantes menaces. Il s’irrite : mais après? « Il grincera des dents, il séchera de dépit3 ».