22.
« Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés et les a délivrés de tous leurs maux1». Les trois enfants de la fournaise étaient justes: et ils crièrent vers le Seigneur, et à leurs chants les flammes devinrent une douce rosée. Ces flammes ne purent approcher ni meurtrir ces trois enfants, justes et innocents, et le Seigneur arracha aux flammes2. Mais, dira quelqu’un, à la vérité, voilà trois justes qui ont été exaucés, selon cette parole: « Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés et les a délivrés de leurs tribulations » ; mais moi j’ai crié, et il ne m’a point délivré : donc ou bien je ne suis pas juste, ou je ne fais point ce que Dieu ordonne, ou peut-être que Dieu ne me voit point. Sois sans crainte, et fais ce que Dieu ordonne; et s’il ne te délivre point d’une manière corporelle, il délivrera ton âme. Lui qui délivra les trois enfants des flammes, en délivra-t-il les Macchabées ? Si les uns chantaient au milieu des flammes, les autres n’y expiraient-ils pas3 ? Le Dieu des trois enfants n’était-il pas le Dieu des Macchabées ? Il a délivré les uns sans délivrer les autres; au contraire, il les a tous délivrés; il a délivré les trois enfants, afin de confondre les hommes charnels; il n’a pas délivré les Macchabées de la même manière, afin que leurs persécuteurs fussent plus sévèrement condamnés, parce qu’ils avaient cru opprimer les martyrs de Dieu. Il délivra Pierre quand l’Ange vint trouver cet Apôtre dans les chaînes et lui dit: « Lève-toi, et va-t’en » : et alors ses chaînes furent déliées, et il suivit l’ange qui le délivra4. Pierre avait-il cessé d’être juste, quand le Seigneur ne le délivra point de la croix? Mais ne le délivra-t-il pas alors? Il le délivra certainement. N’a-t-il vécu plus longtemps que pour devenir injuste ? Dieu en ce moment le délivra, plus qu’auparavant, puisqu’il l’arracha véritablement à toutes les misères. Après que Dieu l’eût délivré une première fois, combien cet Apôtre n’eût-il pas à souffrir dans la suite? au lieu que Dieu le fit passer de la croix à ce lieu où l’on ne doit plus souffrir.