8.
« Bienheureux l’homme qui a mis son « espérance dans le nom du Seigneur, qui n’a point tourné ses regards sur les vanité et sur les folies du mensonge ». Pourquoi des folies mensongères? La folie est menteuse, la sagesse est véridique. Tu prends ce que tu vois pour des biens, illusion! tu manques de sagesse, l’excès de la fièvre t’a rendu frénétique; ce que tu aimes n’est pas réel. Louer un cocher, acclamer un cocher, raffoler d’un cocher; voilà ton occupation. C’est là une vanité, une folie menteuse. Nullement, répond-il; rien de mieux, rien de plus amusant. Que dire à ce fiévreux? Si vous avez quelque pitié, priez pour ces gens-là. Sou. vent quand on désespère d’un malade, le médecin se tourne vers ceux qui pleurent autour de lui dans la maison, qui sont suspendus à ses lèvres pour entendre ce qu’il pense du malade en danger; le médecin est alors dans l’angoisse, il ne voit rien de boni promettre, il craint d’effrayer en disant le mal qu’il appréhende; alors il choisit na parti modéré : Dieu est bon, dit-il, priez pour ce malade. Auquel de ces insensés pourrai-je donc m’adresser? Qui voudra m’entendre? Qui d’entre eux ne nous croit point misérables? Parce que nous ne sommes point faux avec eux, ils pensent qu’il y a perte pour nous dans la privation de ces plaisirs nombreux et variés dont ils raffolent, sans voir combien ils sont faux. Comment donner à ce malade, malgré lui, un oeuf ou un breuvage salutaire? Quel moyen trouver pour le guérir? Dans la crainte qu’il ne meure de faim et qu’il n’en vienne à rendre impossible son retour à la santé, je l’engage à prendre quelque nourriture; et le voilà qui s’apprête à frapper, qui s’emporte contre le médecin. Aimons-le, bien qu’il nous frappe; ne l’abandonnons pas malgré ses injures; il reviendra au bien et nous remerciera. Combien peuvent ici se reconnaître, se voir, se parler mutuellement dans l’Eglise de Dieu; maintenant qu’ils sont dans le giron de la sainte Eglise, ils se sentent des affections déjà plus saintes pour entendre la parole de pour accomplir les devoirs et les prévenances de la charité, pour demeurer dans l’Eglise, afin d’être mêlés au troupeau de Jésus-Christ. Ils se voient et se parlent nullement l’un de l’autre. Quel est, disent-ils, amateur du cirque? cet homme infatué lutteurs, et qui vantait les comédiens? Voilà ce qu’un homme dit d’un autre, et cet autre de lui. Voilà leur langage, langage qui doit nous réjouir. Quand ceux-ci nous comblent de joie, ne désespérons point de leur salut. Prions pour eux, mes frères bien-aimés: ce qui formait jadis le nombre des impies, augmente aujourd’hui le nombre des impies . « Il n’a point regardé les vanités et les folies mensongères ». Cet homme est vainqueur, il a pris tel cheval, il prononce, il joue le rôle du devin; il affecte la divination; et, se séparant de la source de la divinité, souvent il se prononce, et souvent il se trompe. Pourquoi? Parce que ce sont là des folies menteuses. Comment se fait-il que leurs oracles se vérifient quelquefois? C’est afin qu’ils séduisent les insensés, et que sous un spécieux amour de la vérité, ils tombent dans le piége du mensonge ; qu’on les laisse en arrière, qu’ils soient abandonnés et retranchés. S’ils étaient nos membres, qu’ils soient mortifiés. « Mortifiez vos membres sur la terre « Coloss. III, 5 ) », nous dit l’Apôtre. Que notre Dieu soit notre espérance. Celui qui a tout fait, est bien supérieur à tout ; celui qui a fait tout ce qui est beau, a plus de beauté lui-même ; l’auteur de tout ce qui est fort, de tout ce qui est grand, a plus de force et plus de grandeur: il sera pour toi tout ce que tu pourras désirer. Apprends donc à auner le Créateur dans la créature, et dans l’oeuvre l’ouvrier; ne t’éprends d’aucune de ses oeuvres, afin de ne point perdre celui dont tu es l’ouvrage. « Bienheureux donc l’homme qui a mis son espérance dans le nom du Seigneur, qui ne s’est point arrêté aux vanités et aux folies du mensonge ».