Edition
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De ieiunio adversus Psychicos
I.
1. Mirarer psychicos istos, si sola luxuria tenerentur, qua saepius nubunt, si non etiam ingluuie lacerarentur, qua ieiunia oderunt. Monstrum scilicet haberetur libido sine gula, cum duo haec tam unita atque concreta sint, ut si disiungi omnino potuissent, ipsi prius uentri pudenda non adhaererent. Specta corpus, et una regio est. 2. Denique pro dispositione membrorum ordo uitiorum. Prior uenter, et statim cetera saginae substructa lasciuia est; per edacitatem salacitas transit. Agnosco igitur animalem fidem studio carnis, qua tota constat, tam multiuorantiae quam multinubentiae pronam, ut merito spiritalem disciplinam pro substantia aemulam in hac quoque specie continentiae accuset perinde gulae frenos imbuentem per nullas interdum uel seras uel aridas escas, quemadmodum et libidini per unicas nuptias. 3. Piget iam cum talibus congredi, pudet etiam de eis altercari quorum nec defensio uerecunda est. Quomodo enim protegam castitatem et sobrietatem sine taxatione aduersariorum? Quinam isti sint, semel nominabo: exteriores et interiores botuli psychicorum. Hi paracleto controuersiam faciunt; propter hoc nouae prophetiae recusantur; non quod alium deum praedicent Montanus et Priscilla et Maximilla, nec quod Iesum Christum soluant, nec quod aliquam fidei aut spei regulam euertant, sed quod plane doceant saepius ieiunare quam nubere. 4. De modo quidem nubendi iam edidimus monogamiae defensionem. Nunc de castigatione uictus secunda uel magis prima continentiae pugna est. Arguunt nos, quod ieiunia propria custodiamus, quod stationes plerumque in uesperam producamus, quod etiam xerophagias obseruemus siccantes cibum ab omni carne et omni iurulentia et uuidioribus quibusque pomis nec quid uinositatis uel edamus uel potemus; lauacri quoque abstinentiam, congruentem arido uictui. 5. Nouitatem igitur obiectant, de cuius inlicito praescribant aut haeresin iudicandam, si humana praesumptio est, aut pseudoprophetiam pronuntiandam, si spiritalis indictio est, dum quaque ex parte anathema audiamus, qui aliter adnuntiamus.
Übersetzung
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Du jeune
I.
J'aurais été bien surpris que les Psychiques, se bornant à la luxure en vertu de laquelle ils contractent plusieurs mariages, ne se laissassent point emporter par la gourmandise qui leur fait mépriser les jeûnes. La volupté sans l'intempérance passerait pour quelque chose de monstrueux, puisqu'elles sont tellement unies et indivisibles, qu'avant de les séparer, il faudrait séparer du ventre ce qui y tient si étroitement. Examine le corps: même théâtre pour l'une et pour l'autre; à la disposition de ces membres répond l'ordre de ces vices; d'abord le ventre, puis la débauche qui vient à la suite de l'intempérance. La volupté a pour auxiliaire la gourmandise. Je reconnais cette foi amicale à son amour pour la chair qui est son caractère distinctif aussi portée aux excès de la table qu'à la pluralité des noces, et ne craignant point de censurer, sur la question de la continence, la discipline spirituelle qui lui est opposée en substance, c'est-à-dire qu'elle donne pour frein à la gourmandise les jeûnes, les abstinences, la sobriété, de même que pour limites à la volupté un mariage unique. Il me répugne de me mesurer avec de pareils hommes, et j'ai honte de discuter une matière dont la défense n'est pas même honnête. En effet, comment me sera-t-il possible de venger la chasteté et la sobriété, sans parler de mes adversaires? Quels sont les griefs intérieurs ou extérieurs des Psychiques? Je le dirai une fois pour toutes. Us sont en opposition avec le Paraclet; voilà pourquoi ils rejettent les prophéties nouvelles, non point que Montan, Priscilla et Maximilla prêchent un autre Dieu, non pas qu'ils anéantissent Jésus-Christ, ou qu'ils renversent quelque règle de la foi ou de l'espérance, mais parce qu'ils enseignent qu'il faut jeûner plus souvent que l'on ne se marie. Quant aux limites que doit recevoir le mariage, nous avons déjà publié la défense de la monogamie. Il s'agit aujourd'hui défaire prévaloir la sobriété, dans un second, ou pour mieux dire dans un premier combat en faveur de la continence.
Nos adversaires nous reprochent d'observer des jeûnes qui nous sont propres; de prolonger quelquefois jusqu'au soir nos stations1, de nous livrer à des abstinences particulières, de nous interdire les viandes, les assaisonnements, les fruits dont les sucs sont vineux, afin de ne jamais goûter à du vin sous quelque forme que ce soit; et enfin de renoncer au bain, conformément à la sévérité de ce régime. Us nous objectent la nouveauté, pour déclarer ces prescriptions illégales. Ou il faut les tenir pour hérétiques, disent-ils, si c'est là une invention humaine, ou il faut les regarder comme de fausses prophéties, si ce sont des ordonnances spirituelles. Qu'importé pourvu «que nous soyons appelés anathème» de part et d'autre, «puisque nous annonçons un autre Evangile.»
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Les Montanistes désignaient par ce mot les jeûnes prolongés jusqu'au soir. Ils les appelaient ainsi comme pour indiquer qu'ils étaient sous les armes et veillaient à la manière des soldats, Statio à stando. ↩