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Méthode pour enseigner aux catéchumènes les éléments du Christianisme
CHAPITRE XIV.
CINQUIÈME ET SIXIÈME CAUSES D’ENNUI : DES MOYENS D’Y REMÉDIER.
- Est-ce le regret de ne pouvoir accomplir un devoir auquel tu t’appliquais, parce que tu le regardais comme plus impérieux, qui cause ton découragement, et sens-tu qu’un dépit secret répand sur tes instructions une teinte de tristesse? Nous savons sans doute que dans tous nos rapports avec le prochain nous devons être inspirés par la bonté et par la charité la plus pure; mais songe que ce principe admis, nous sommes incapables de déterminer les actions qu’il est plus utile d’accomplir, ou plus à propos de suspendre, de sacrifier même. Impuissants à découvrir les mérites que nos obligés ont aux yeux de Dieu, nous ne comprenons pas, nous conjecturons d’après les indices les plus obscurs et les plus vagues, quels sont les services que nous devons leur rendre selon les circonstances. Par conséquent, réglons la suite de nos actions selon la portée de notre esprit. Si nous pouvons accomplir nos devoirs dans l’ordre même que nous nous sommes tracé, applaudissons-nous de voir que nos projets ont été conformes aux desseins de Dieu; survient-il une conjoncture qui dérange notre plan de conduite? plions-nous à la circonstance au lieu de nous décourager, et puisque Dieu a préféré un autre ordre, hâtons-nous de l’adopter. Dieu ne doit pas suivre notre volonté, nous devons nous soumettre à la sienne. L’ordre que nous prétendons suivre à notre gré ne peut être excellent qu’à la condition d’être subordonné à un ordre supérieur. Pourquoi donc nous plaindre, faibles mortels que nous sommes, d’être devancés par la sagesse de ce grand Dieu, Notre-Seigneur tout-puissant, et vouloir tomber dans le désordre par le désir même de nous attacher à l’ordre qu’il nous a plu d’adopter?
Le véritable plan de conduite, c’est d’être résolu à ne jamais lutter contre la puissance de Dieu, et de ne point se passionner pour accomplir un dessein conçu dans une tête humaine : « Le coeur de l’homme conçoit bien des projets, les conseils de Dieu seuls sont immuables et éternels1».
- Notre esprit troublé par quelque scandale ne peut-il trouver des paroles pleines de calme et d’agrément? Concevons pour les âmes que Jésus-Christ a voulu sauver par sa mort et délivrer au prix de tout son sang des fatales erreurs du monde, une charité si vive que, si l’on vient nous avertir de l’arrivée d’un catéchumène, à l’instant où nous sommes tout affligés, cette bonne nouvelle serve à soulager notre douleur et à la dissiper; c’est ainsi que les plaisirs du gain balancent le chagrin que causent les pertes. Un scandale nous afflige à la vue ou à la pensée qu’une âme se perd ou entraîne dans sa perte les âmes faibles; l’arrivée d’un catéchumène dont nous attendons quelque succès, doit affaiblir les regrets que nous causent les âmes infidèles. Si la crainte de voir notre prosélyte devenir fils de l’enfer2 naît en nous à la pensée des nombreux catéchumènes qui ont fini pardonner les scandales dont nous gémissons, cette triste réflexion doit nous animer au lieu de nous abattre : elle doit nous engager à avertir notre auditeur de ne point imiter ceux qui n’ont de chrétien que le nom, de ne jamais se laisser entraîner, par leur nombre, à les suivre ou à quitter Jésus-Christ pour leur plaire; enfin, de renoncer à entrer avec eux dans l’Eglise de Dieu, s’il n’est pas résolu à ne jamais les prendre pour modèles. Dans ces sortes d’exhortations, la parole qu’anime une douleur encore cuisante, acquiert, je ne sais comment, une vivacité nouvelle : loin d’être froids, nous développons avec verve et enthousiasme un sujet que nous aurions traité d’un ton monotone et languissant, si nous avions été plus calmes; et c’est un bonheur pour nous d’avoir pu trouver l’occasion de faire servir à l’édification des âmes nos sentiments personnels.
Avons-nous commis une erreur, une faute même qui nous accable de douleur? Songeons « qu’un coeur contrit est un sacrifice agréable à Dieu3»; songeons surtout que « si l’eau éteint le feu, l’aumône éteint le péché4. et que « Dieu aime mieux la miséricorde que le sacrifice5». Qu’un incendie nous menace, nous savons courir, aller chercher de l’eau pour l’éteindre, ou remercier les voisins qui nous en apportent. De même, quand le péché allume dans notre coeur desséché un feu qui nous épouvante, applaudissons-nous de trouver dans une oeuvre charitable, que l’occasion se présente d’accomplir, une source assez abondante pour éteindre l’incendie qui nous consume. Nous ne pousserons pas, j’imagine, la folie jusqu’à croire que le pain avec lequel nous apaisons la faim d’un pauvre, aurait plus de vertu pour relever notre courage que la parole même de Dieu, distribuée à un esprit affamé de l’entendre. A supposer même qu’il n’y eût pas d’inconvénient à se dispenser d’un devoir, d’ailleurs utile à remplir, nous aurions toujours le tort de dédaigner le moyen qui nous est offert d’échapper au péril où notre salut et non celui d’autrui, est malheureusement engagé. Ne connaissons-nous pas cet arrêt terrible du Seigneur: « Serviteur méchant et paresseux, tu aurais dû mettre mon argent entre les mains des banquiers6? » Quel serait donc notre aveuglement, si la douleur de nos fautes nous entraînait dans une nouvelle faute, celle de refuser le trésor du Seigneur à qui le demande avec instance?
Voilà par quelles réflexions on peut dissiper l’ennui avec tous ses nuages et se porter tout entier à remplir les fonctions de catéchiste, Voilà comment on réussit à faire doucement entrer dans les coeurs un enseignement qui découle avec autant de facilité que de grâce des sources fécondes de la charité. Ce n’est pas moi qui te tiens ce langage; c’est -plutôt l’amour qui nous l’adresse à tous, « cet amour répandu jusqu’au fond de nos coeurs par d’Esprit-Saint qui nous a été donné7».
Edition
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De catechizandis rudibus
CAPUT XIV. Remedium adversus quintam causam taedii. Remedium contra sextam causam taedii. Item adversus causam sextam.
20. Si autem confregit animum tuum alterius actionis, cui tanquam magis necessariae jam suspensus eras, omissio, et propterea tristis insuaviter catechizas; cogitare debes, excepto quod scimus misericorditer nobis agendum esse quidquid cum hominibus agimus, et ex officio sincerissimae charitatis; hoc ergo excepto, incertum esse quid utilius agamus, et quid opportunius aut intermittamus, aut omnino omittamus. Quia enim merita hominum pro quibus agimus, qualia sint apud Deum non novimus, quid eis ad tempus expediat aut nulla aut tenuissima aut incertissima conjectura suspicamur potius, quam comprehendimus. Quapropter res quidem agendas pro nostro captu ordinare debemus: quas eo modo quo statuimus, si peragere potuerimus, non ideo gaudeamus quia nobis, sed quia Deo sic eas agi placuit: si autem aliqua inciderit necessitas, qua noster ille ordo turbetur; flectamur facile, ne frangamur; ut quem Deus nostro praeposuit, ipse sit noster. Aequius est enim ut nos ejus, quam ut ille nostram voluntatem sequatur. Quia et ordo agendarum rerum, quem nostro arbitrio tenere volumus, ille utique approbandus est, ubi potiora praecedunt. Cur ergo nos dolemus homines a Domino Deo tanto potiore praecedi, ut eo ipso quo nostrum amamus ordinem, inordinati esse cupiamus? Nemo enim melius ordinat quid agat, nisi qui paratior est non agere quod divina potestate prohibetur, quam cupidior agere quod humana cogitatione meditatur. Quia multae cogitationes sunt in corde viri, consilium autem Domini manet in aeternum1.
21. Si vero ex aliquo scandalo perturbatus animus non valet edere serenum jucundumque sermonem, tantam esse charitatem oportet in eos pro quibus Christus mortuus est, volens eos pretio sanguinis sui ab errorum saecularium morte redimere; ut hoc ipsum quod nobis tristibus nuntiatur, praesto esse aliquem qui desideret fieri christianus, ad consolationem illius resolutionemque tristitiae valere debeat, sicut solent lucrorum gaudia dolorem lenire damnorum. Non enim scandalum nos contristat alicujus, nisi quem [Col. 0327] perire aut per quem perire infirmum vel credimus vel videmus. Ille igitur qui initiandus advenit, dum speratur posse proficere, dolorem deficientis abstergat. Quia et si timor ille suggeritur, ne fiat proselytus filius gehennae2, dum multi tales versantur ante oculos, ex quibus oriuntur ea quibus urimur scandala, non ad retardandos nos pertinere debet, sed magis ad excitandos et acuendos: quatenus quem imbuimus moneamus, ut caveat imitationem eorum qui non ipsa veritate, sed solo nomine christiani sunt; nec eorum turba commotus, aut sectari velit eos, aut Christum nolit sectari propter eos; et aut nolit esse in Ecclesia Dei ubi illi sunt, aut talis ibi velit esse quales illi sunt. Et nescio quomodo in hujusmodi monitis ardentior sermo est, cui fomitem subministrat praesens dolor: ut non solum pigriores non simus, sed eo ipso dicamus accensius atque vehementius, quod securiores frigidius et lentius diceremus; gaudeamusque nobis occasionem dari, ubi motus animi nostri sine fructificatione non transeat.
22. Si autem de aliquo errato nostro vel peccato nos moestitudo comprehendit, non tantum meminerimus sacrificium Deo spiritum esse contribulatum3, sed etiam illud, Quia sicut aqua ignem, sic eleemosyna exstinguit peccatum4; et, Quia misericordiam, inquit, volo quam sacrificium5. Sicut ergo si periclitaremur incendio, ad aquam utique curreremus, quo posset exstingui, et gratularemur si quis eam de proximo offerret; ita si de nostro feno aliqua peccati flamma surrexit, et propterea conturbamur, data occasione misericordissimi operis, tanquam de oblato fonte gaudeamus, ut inde illud quod exarserat opprimatur. Nisi forte tam stulti sumus, ut alacrius arbitremur cum pane currendum, quo ventrem esurientis impleamus, quam cum verbo Dei, quo mentem istud edentis instruamus. Huc accedit, quia si tantummodo prodesset hoc facere, non facere autem nihil obesset; infeliciter in periculo salutis, non jam proximi, sed nostrae, oblatum remedium sperneremus. Cum vero ex ore Domini tam minaciter sonet, Serve nequam et piger, dares pecuniam meam nummulariis6; quae tandem dementia est, quoniam peccatum nostrum nos angit, ideo rursus velle peccare, non dando pecuniam dominicam volenti et petenti? His atque hujusmodi cogitationibus et considerationibus depulsa caligine taediorum, ad catechizandum aptatur intentio, ut suaviter imbibatur, quod impigre atque hilariter de charitatis ubertate prorumpit. Haec enim non tam ego tibi, quam omnibus nobis dicit ipsa dilectio, quae diffusa est in cordibus nostris per Spiritum [Col. 0328] sanctum qui datus est nobis7.