Edition
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Apologeticum
XII.
[1] Cesso iam de isto, ut qui sciam me ex ipsa veritate demonstraturum quid non sint, cum ostendero quid sint. Quantum igitur de deis vestris, nomina solummodo video quorundam veterum mortuorum et fabulas audio et sacra de fabulis recognosco: [2] quantum autem de simulacris ipsis, nihil aliud reprehendo quam materias sorores esse vasculorum instrumentorumque communium vel ex isdem vasculis et instrumentis quasi fatum consecratione mutantes licentia artis transfigurante, et quidem contumeliosissime et in ipso opere sacrilege, ut revera nobis maxime, qui propter ipsos deos plectimur, solatium poenarum esse possit quod eadem et ipsi patiuntur ut fiant. [3] Crucibus et stipitibus inponitis Christianos. Quod simulacrum non prius argilla deformat cruci et stipiti superstructa? in patibulo primum corpus dei vestri dedicatur. [4] Ungulis deraditis latera Christianorum. At in deos vestros per omnia membra validius incumbunt asciae et runcinae et scobinae. Cervices ponimus. Ante plumbum et glutinum et gomphos sine capite sunt dei vestri. Ad bestias impellimur. Certe quas Libero et Cybele et Caelesti applicatis. [5] Ignibus urimur. Hoc et illi a prima quidem massa. In metalla damnamur. Inde censentur dei vestri. In insulis relegamur. Solet et in insula aliqui deus vester aut nasci aut mori. Si per haec constat divinitas aliqua, ergo qui puniuntur, consecrantur, et numina erunt dicenda supplicia. [6] Sed plane non sentiunt has iniurias et contumelias fabricationis suae dei vestri, sicut nec obsequia. O impiae voces, o sacrilega convicia! Infrendite, inspumate! Idem estis qui Senecam aliquem pluribus et amarioribus de vestra superstitione perorantem reprehendistis. [7] Igitur si statuas et imagines frigidas mortuorum suorum simillimas non adoramus, quas milvi et mures et araneae intellegunt, nonne laudem magis quam poenam merebatur repudium agniti erroris? Possumus enim videri laedere eos quos certi sumus omnino non esse? Quod non est, nihil ab ullo patitur, quia non est.
Übersetzung
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Apologétique
XII.
Je ne m'étends pas davantage sur cet article. Vous montrer d'après l'évidence même ce que sont vos dieux, c'est vous prouver ce qu'ils ne sont pas. Au sujet de vos dieux, je ne retrouve que des noms d'anciens morts, je n'entends que des fables; je ne reconnais que ces fables au fond des mystères; et dans leurs simulacres, je ne vois qu'une matière sœur de notre vaisselle et de nos meubles les plus communs. C'est même de ces meubles que vous les forgez (telle est la puissance de la consécration) après que l'art en a changé la destinée et la forme, non sans l'outrage le plus sanglant et le plus odieux: sacrilège dans le travail même de la métamorphose. Pour nous, nous nous consolons de nos tortures, en voyant vos dieux souffrir, pour devenir dieux, tout ce qu'on nous fait éprouver à cause d'eux. Vous attachez les Chrétiens à des croix, à des poteaux. N'y attachez-vous pas vos dieux lorsque vous formez leur ébauche d'argile? N'est-ce pas sur un gibet que le corps de votre dieu reçoit ses premiers traits? Vous déchirez les flancs des Chrétiens avec des ongles de fer; mais les scies, mais les rabots, mais les limes s'exercent plus violemment encore sur tous les membres de vos dieux? On tranche la tête aux Chrétiens! Vos dieux, sans le secours des agrafes, du plomb et des clous, seraient sans tête î On nous jette aux animaux féroces: vous y exposez Cybèle, Bacchus, Cérès. On nous livre au feu: vous jetez aussi vos dieux dans les flammes dès le premier essai qui leur donne une forme! On nous condamne aux mines: c'est de là que l'on arrache vos dieux. On nous relègue dans les îles: et c'est là que ces dieux naissent ou meurent. Si tels sont les éléments de la divinité, vous déifiez donc ceux que vous punissez: les supplices sont des apothéoses. Ce qu'il y a de certain, c'est que vos dieux ne sentent pas plus les insultes et les outrages quand on les fabrique, que les honneurs après qu'ils sont fabriqués.
O impiété! ô sacrilège! vous écriez-vous! ---- Frémissez, écumez de colère tant qu'il vous plaira. N'est-ce pas vous cependant qui battiez des mains aux paroles de Sénèque, lorsqu'il s'élevait avec encore plus de véhémence et d'amertume contre vos superstitions? Si nous refusons d'adorer des statues, des images froides et inanimées, qui ressemblent aux morts qu'elles représentent, ce que comprennent si bien les milans, les rats, les araignées, est-ce que notre courage à repousser une erreur si manifeste ne mérite pas plutôt des louanges que des châtiments? Et pouvons-nous passer pour outrager vos dieux, quand nous sommes certains qu'ils n'existent pas? Ce qui n'est pas ne souffre de la part de personne, puisqu'il n'est pas.