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La cité de dieu
CHAPITRE X.
CE QU’IL FAUT RÉPONDRE A CEUX QUI PENSENT QUE LA RÉSURRECTION REGARDE SEULEMENT LES CORPS, ET NON LES ÂMES.
Il en est qui croient qu’on ne peut parler de résurrection qu’à l’égard des corps, et qui soutiennent que cette première résurrection dont parle saint Jean doit s’entendre de la résurrection des corps. Il n’appartient, disent-ils, de se relever qu’à ce qui tombe ; or, les corps tombent en mourant, d’où vient qu’on les appelle des cadavres1 ; donc ce ne sont pas les âmes qui ressuscitent, mais les corps. Mais que répondront-ils à l’Apôtre qui admet aussi une résurrection de l’âme? Ceux-là étaient ressuscites selon l’homme intérieur, et non pas selon l’homme extérieur, à qui il dit « Si vous êtes ressuscités avec Jésus-Christ, ne goûtez plus que les choses du ciel2 ». C’est la même pensée qu’il exprime ailleurs en d’autres termes : « Afin, dit-il, qu’à l’exemple de Jésus-Christ qui est ressuscité des morts pour la gloire du Père, nous marchions aussi dans la vie nouvelle3 ». De là encore cette parole : « Levez-vous, vous qui dormez, levez-vous d’entre les morts, et Jésus-Christ vous éclairera4 ». Quand ces interprètes disent qu’il n’appartient qu’aux corps de tomber, ils n’entendent pas cette parole : « Ne vous éloignez point de lui, de peur que vous ne tombiez5 » ; ni celle-ci : « S’il tombe ou s’il demeure debout, c’est pour son maître6 » ; ni celle-ci encore : « Que celui qui se croit debout prenne garde de tomber7 ». Assurément cette chute s’entend de l’âme et non du corps.
Si donc c’est à ce qui tombe à ressusciter, et si les âmes tombent comme les corps, il faut convenir qu’elles ressuscitent aussi. Ce que saint Jean ajoute, après avoir dit que la seconde mort n’a point de pouvoir sur ceux- là, savoir, qu’ils seront prêtres de Dieu et de Jésus-Christ , et qu’ils régneront avec lui l’espace de mille ans, cela ne doit pas s’entendre des seuls évêques ou des seuls prêtres, mais de tous les fidèles qu’il nomme prêtres, parce qu’ils sont tous membres d’un seul grand-prêtre, de même qu’on les appelle tous chrétiens, à cause du chrême mystique auquel ils ont tous part. Aussi est-ce d’eux que l’apôtre saint Pierre a dit : « Le peuple saint et le sacerdoce royal8 ». Il est à remarquer d’ailleurs que saint Jean déclare, bien qu’en peu de mots et en passant, que Jésus-Christ est Dieu, lorsqu’il appelle les chrétiens les prêtres de Dieu et de Jésus-Christ, c’est-à-dire du Père et du Fils. Et de plus, Jésus-Christ, bien qu’il soit fils de l’homme, à cause de la forme d’esclave qu’il a prise, a été aussi fait prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech9, comme nous l’avons dit plusieurs fois.
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Saint Augustin fait venir cadaver de cadere, tomber. Isidore, en ses Origines (lib. II, cap. 2, § 35), donne anse cette étymologie très-hasardée. Comp. saint Augustin, Serm. CCXLII, n. 2. On peut voir aussi les Soirées de Saint-Pétersbourg, où cadaver est ingénieusement dérivé de caro daga vermibus. ↩
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Colos, III, 1. ↩
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Rom. VI, 4. ↩
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Eph. V, 14. ↩
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Eccl. – II, 7. ↩
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Rom. XIV, 4. ↩
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I Cor. V, 12. ↩
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I Pierre, II, 9. ↩
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Ps. CIX, 4 ↩
Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput X: Quid respondendum sit eis, qui putant resurrectionem ad sola corpora, non etiam ad animas pertinere.
Sunt qui putant resurrectionem dici non posse nisi corporum ideoque istam quoque primam in corporibus futuram esse contendunt. quorum enim est, inquiunt, cadere, eorum est resurgere. cadunt autem corpora moriendo; nam et a cadendo cadauera nuncupantur. non ergo animarum, inquiunt, resurrectio potest esse, sed corporum. sed quid contra apostolum dicunt, qui eam resurrectionem appellat? nam secundum interiorem, non secundum exteriorem hominem utique resurrexerant, quibus ait: si resurrexistis cum Christo, quae sursum sunt sapite. quem sensum uerbis aliis alibi posuit dicens: ut, quemadmodum Christus resurrexit a mortuis per gloriam patris, sic et nos in nouitate uitae ambulemus. hinc est et illud: surge qui dormis et exsurge a mortuis, et inluminabit te Christus. quod autem dicunt non posse resurgere, nisi qui cadunt, et ideo putant resurrectionem ad corpora, non ad animas pertinere, quia corporum est cadere, cur non audiunt: non recedatis ab illo, ne cadatis, et: suo domino stat aut cadit; et: qui se putat stare, caueat ne cadat? puto enim quod in anima, non in corpore casus iste cauendus est. si igitur cadentium est resurrectio, cadunt autem et animae, profecto et animas resurgere confitendum est. quod autem, cum dixisset: in istis secunda mors non habet potestatem, adiunxit atque ait: sed erunt sacerdotes dei et Christi et regnabunt cum eo mille annis: non utique de solis episcopis et presbyteris dictum est: qui proprie iam uocantur in ecclesia sacerdotes; sed sicut omnes christos dicimus propter mysticum chrisma, sic omnes sacerdotes, quoniam membra sunt unius sacerdotis; de quibus apostolus Petrus: plebs, inquit, sancta, regale sacerdotium. sane, licet breuiter atque transeunter, insinuauit esse deum Christum dicendo: sacerdotes dei et Christi, hoc est patris et filii; quamuis propter formam serui sicut hominis filius, ita etiam sacerdos Christus effectus sit in aeternum secundum ordinem Melchisedech. de qua re in hoc opere non semel diximus.