CHAPITRE XLI. SI LA CORRUPTION VIENT DE NOUS, C'EST PAR LA PERMISSION DE DIEU.
47. Mais, dites-vous, pourquoi donc la corruption détruit-elle ce que la nature a reçu de Dieu? Elle ne le détruit que quand Dieu le permet; or, il le permet quand cette destruction entre dans les plans de sa rigoureuse justice, pour faire ressortir la gradation des choses et le mérite des âmes. Ainsi, dès qu'une parole est prononcée, elle disparaît et fait place au silence. Cependant ce n'est que par cette succession de paroles qui passent et disparaissent que le langage ou le discours peut exister ; ce sont les intervalles de silence qui en font toute la grâce et toute la beauté. Il en est de même de la beauté grossière des choses temporelles, elle consiste surtout dans cette succession variée de choses qui passent et d'autres qui renaissent. S'il nous était possible de bien saisir et de comprendre cet ordre et ces caractères de la beauté, nous serions tellement frappés que nous n'oserions donner le nom de corruption à ces disparitions qui nous frappent. Quand nous souffrons de voir nous échapper ces choses temporelles que nous aimons, n'oublions pas que Dieu a voulu, par là, nous avertir que nous avons besoin d'expier nos péchés et de n'attacher notre coeur qu'aux choses éternelles.