Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
13.
Dulces autem ac suaves si non haberent cibos suos, numquam eos appeterent, numquam eis corpora vegetarent. Ita enim se res habet, ut pro cuiusque corporis congruentia vel delectet esca vel offendat. Si delectat, dulcis aut suavis dicitur, si autem offendit, amara sive aspera sive aliqua insuavitate respuenda. p. 584,8 Nonne ipsi nos homines ita sumus, ut plerumque alter appetat alimentum, quod alter exhorreat, sive pro temperatione naturae sive pro usu consuetudinis sive pro affectione valetudinis? Quanto magis longe diversi generis corpora bestiarum possunt illud habere iucundum, quod nobis amarum est! An aliter caprae ad rodendum suspenderentur oleastrum? Nam sicut nonnulli morbo hominum mel amarum est, ita illi naturae pecoris suavis oleaster. Sic insinuatur prudentibus rerum examinatoribus ordo quid valeat, cum scilicet sua cuique adhibentur atque redduntur, quantumque hoc bonum sit ab imis usque ad summa, a corporalibus usque ad spiritalia. Itaque in gente tenebrarum cum animal alicuius elementi eo vescebatur cibo, qui nascebatur in eius elemento, procul dubio suavitatem ipsa congruentia faciebat; si autem incidisset in alterius elementi cibum, ipsa incongruentia faceret offensionem sensui gustantis. p. 584,23 Quae offensio vel amaritudo vel asperitas vel insuavitas vel quodlibet aliud, aut si ita nimium est, ut aliena vi compagem corporis concordiamque dirumpat ac sic interimat aut vires auferat, etiam venenum vocatur, nonnisi per incongruentiam, quod alteri generi per congruentiam cibus est. Sicut panem, qui cottidiana esca nostra est, si accipiter sumat, exstinguitur, et nos, si helleborum, quo pecora pleraque vescuntur; cuius tamen herbae adhibendae quidam modus etiam medicamentum est. Quod si sciret aut consideraret Faustus, non utique venenum et antidotum pro exemplo duarum naturarum mali et boni poneret, tamquam deus sit antidotum et hyle venenum, cum eadem res eademque natura nunc congruenter, nunc incongruenter sumpta sive adhibita vel prosit vel noceat. p. 585,9 Itaque secundum eorum fabulam potest dici deus eorum fuisse venenum genti tenebrarum, cuius corpora tam firma ita corrupit, ut infirmissima redderet; sed quia et lux ipsa capta, oppressa, corrupta est, invicem sibi venenum fuerunt.
Übersetzung
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XIII. SUR LES ALIMENTS, LE POISON, L'ANTIDOTE; BÉVUES DE FAUSTE A CE SUJET.
Si les aliments n'avaient pas de douceur ni de goût agréable, ils n'exciteraient pas l'appétit, on ne les prendrait pas pour entretenir la vie du corps. Eu égard au tempérament de chacun, il faut en effet que la nourriture plaise où déplaise. Si elle plaît, on l'appelle douce ou agréable au goût; si elle déplaît, on la dit amère, âpre, repoussante par quelque qualité désagréable. Ne sommes-nous pas, nous hommes, ainsi constitués, que l'un aime un aliment que l'autre écarte avec horreur, soit penchant naturel, soit effet de l'habitude ou raison de santé ? A combien plus forte raison les animaux, dont la constitution physique est si différente de la nôtre, peuvent-ils trouver agréable ce que nous trouvons amer? Autrement, les chèvres grimperaient-elles pour ronger l'olivier sauvage? Car de même que, par l'effet de certaine maladie, l'homme trouve le miel amer, ainsi cette espèce d'animal trouve doux l'olivier sauvage. Voilà comment un sage observateur apprécie la valeur de l'ordre, quand chaque être rencontre ce qui lui convient; par là, il voit que tout est bon, depuis le bas jusqu'au dessus, depuis les êtres corporels jusqu'aux êtres spirituels. Ainsi donc, dans le peuple des ténèbres, quand un animal de tel ou tel élément mangeait la nourriture qui naissait dans cet élément, sans aucun doute ce rapport de convenance la lui rendait douce; mais s'il eût rencontré une nourriture empruntée à un autre élément, ce défaut de convenance eût blessé son goût. Or, si ce défaut de convenance, qu'on l'appelle amertume, âpreté, insipidité oit autrement, est porté à un tel point qu'il détruise violemment la structure ou l'harmonie du corps, et qu'il lui ôte la vie ou les forces, il prend le nom de poison, uniquement à cause du défaut de convenance, puisque la convenance se retrouve pour une autre espèce : comme par exemple, le pain, qui fait notre nourriture quotidienne, tue l'épervier qui en mange, et nous sommes tués par l'hellébore que la plupart des animaux mangent impunément. Néanmoins cette plante, employée dans une certaine mesure, est pour nous un médicament. Si Fauste savait cela ou y faisait attention, il ne donnerait pas le poison et l'antidote pour exemple dans la question des deux natures du bien et du mal, comme si Dieu était l'antidote et Hylé le poison : puisque la même chose, la même nature, prise ou employée à propos ou mal à propos, est utile ou nuisible. Par conséquent, d'après les fables des Manichéens, on pourrait dire que leur Dieu a été un poison pour le peuple des ténèbres, puisqu'il y a tellement gâté les corps que, de très-fermes, il les a rendus très-faibles. Mais comme la lumière elle-même a été prise, opprimée, corrompue, ils sont devenus un poison l'un pour l'autre.