Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
6.
Cur autem, si carnibus vesci non vultis, non ipsa animalia deo vestro oblata mactatis, ut animae illae, quas non solum putatis humanas, sed ita divinas, ut ipsa dei membra esse credatis, a carnis carcere dimittantur, et ne iterum redeant vestris orationibus commendentur? An amplius eas adiuvatis ventre quam mente et illa potius dei natura salvatur, quae vestris visceribus exhalari meruerit, quam quae vestris precibus commendari? Propterea ergo ventri vestro pecora non sacrificatis, quia ea viva absumere non potestis, ut eorum animas intercessione vestri stomachi liberetis. p. 292,16 O beata olera, quibus et manu evulsis et ferro concisis et igne cruciatis et dente contritis concessum est tamen, ut ad vestrorum intestinorum aras viva perveniant, et misera pecora, quae cum citius de corpore suo exeunt, in vestra corpora intrare non possunt! Ita delirantes adhuc putatis, quod ideo sumus inimici veteris testamenti, quia nullam carnem immundam dicimus tenentes apostoli sententiam dicentis: Omnia munda mundis et illud, ubi dominus ait: Non quod intrat in os vestrum, vos coinquinat, sed quod exit. Quod non ad solas turbas dominus dixit, sicut vester Adimantus, quem post Manichaeum Faustus praecipue laudat, cum veteri testamento calumniaretur, voluit intellegi, sed etiam remotus a turbis hoc idem discipulis suis evidentius et expressius elocutus est. p. 293,3 Cum enim hanc domini sententiam testamento veteri opposuisset Adimantus, quia in illo scripta sunt quaedam immunda carnium, a quibus ille populus iussus est abstinere, timuit, ne sibi diceretur: ‛Cur ergo vos non quasdam, sed omnes carnes immundas existimatis atque ab edendis omnibus temperatis, cum tu ipse proferas evangelicum testimonium non coinquinari hominem ex his, quae in os ingrediuntur et in ventrem vadunt atque in latrinam emittuntur?’ Itaque has artissimas et fallaciam suam manifestissima veritate praefocantes angustias conatus evadere ait hoc dominum ad turbas dixisse, quasi paucis ille in secreto vera diceret, in turbas autem falsa iactaret, cum et hoc de domino credere sacrilegum sit, et omnes qui legunt, noverint hoc et remotis turbis eum planius dixisse discipulis. p. 293,16 Quapropter quia in exordio harum litterarum suarum Faustus sic miratur Adimantum, ut ei solum praeferat Manichaeum, compendio requiro, utrum ista domini sententia, qua dixit non inquinari hominem his, quae in os eius intrant, vera an falsa sit. Si falsam dicunt, cur eam tantus eorum doctor Adimantus a Christo prolatam dicens ad expugnandum testamentum vetus obiecit? Si autem vera est, cur adversus eam credunt se coinquinari, si quacumque carne vescantur? Nisi forte verum respondere velint et dicere apostolum non dixisse: Omnia munda haereticis, sed omnia munda mundis. Cur enim non sint istis haec munda, idem apostolus sequitur et dicit: Immundis autem et infidelibus nihil est mundum; sed polluta sunt eorum et mens et conscientia. Unde revera Manichaeis omnino nihil est mundum, quandoquidem etiam ipsam dei substantiam vel naturam non solum coinquinari potuisse sed etiam ex parte coinquinatam esse contendunt, nec solum coinquinatam esse verum etiam ex omni parte recuperari mundarique non posse. p. 294,5 Unde mirum est, quod ita se dicunt immundas omnes carnes existimare et ob hoc ab eis abstinere, quasi aliquid existiment esse mundum non solum escarum, sed omnium creaturarum. Nam et ipsa olera et poma et omnes fruges et totam terram et caelum commixtione gentis tenebrarum perhibent inquinata. Utinam ergo et in ceteris cibis errori suo congruerent atque ab his, quae immunda dicunt, omnibus abstinendo fame potius morerentur quam tales blasphemias pertinaciter loquerentur! Nam se corrigere atque emendare nolentibus hoc esse utilius quis non intellegat?
Übersetzung
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE VI. ANIMAUX PURS ET ANIMAUX IMPURS.
Si vous ne voulez pas vous nourrir de chair, pourquoi n'immolez-vous pas les animaux offerts à votre Dieu, afin que ces âmes, que vous regardez non-seulement comme des âmes humaines, mais des âmes divines, véritables membres de la Divinité, sortent de la prison de la chair, et obtiennent, par vos prières, de n'y plus rentrer ?
Pour elles, vos voeux sont-ils moins efficaces que votre ventre, et la délivrance est-elle plutôt- le partage de cette portion de la nature divine qui a mérité de passer par vos entrailles, que de celle qui avait le suffrage de vos prières? Vous n'immolez donc pas les animaux à votre ventre, parce que vous ne pouvez les absorber tout vivants, et délivrer ainsi leurs âmes par le pieux office de votre estomac. O bienheureux légumes, à qui après avoir été arrachés par la main, coupés par le fer, rôtis par le feu, broyés par les dents, il est donné cependant d'arriver tout vivants jusqu'à l'autel de vos entrailles ! Et combien sont à plaindre les animaux qui, sortant plus tôt de leurs corps, ne peuvent entrer dans les vôtres! Livrés à de pareilles extravagances, vous pensez encore que nous sommes les ennemis de l'Ancien Testament, parce que nous ne regardons aucune chair comme impure, selon cet oracle de l'Apôtre : « Tout est pur pour ceux qui sont purs[^1] », et cette parole du Seigneur : « Ce n'est pas ce qui entre dans votre bouche qui vous souille, mais ce qui en sort[^2]». Le Seigneur ne s'adressait pas ici seulement au simple peuple, commua prétendu l'expliquer, dans ses attaques contre l'Ancien Testament, votre célèbre Adimantus, que Fauste place au premier rang après Manès; loin de la foule il exprimait la même pensée à ses disciples, d'une manière encore plus claire et plus expressive. Adimantus ayant opposé cette sentence du Seigneur à l'autorité de l'Ancien Testament, qui désigne comme impure la chair de certains animaux, dont l'usage était interdit au peuple, il craignit cette objection Pourquoi donc regardez-vous comme impure toute chair, et non pas celle de quelques animaux? pourquoi vous en abstenir absolument, puisque vous apportez vous-même le témoignage de l'Evangile, que l'homme n'est pas souillé par ce qui entre dans la bouche, descend dans les intestins et est jeté au lieu secret?
Pour se tirer d'une position où sa mauvaise foi, vivement pressée, ne pouvait tenir contre l'évidence de la vérité, il prétend que le Seigneur n'a tenu ce langage qu'à la foule, comme s'il ne confiait la vérité qu'à un petit nombre et en secret, tandis qu'il abusait le peuple par des mensonges. Une telle imputation n'est-elle pas un sacrilège, et ne suffit-il pas de lire l'Evangile, pour se convaincre que le Seigneur, loin de la foule, a inculqué de la manière la plus explicite la même doctrine à ses disciples? Puisque Fauste, dès le début de son livre, témoigne de son admiration pour Adimantus, au point de ne le croire inférieur qu'à Manès seul, qu'il me suffise de demander si cet oracle par lequel le Seigneur enseigne que l'homme n'est pas souillé par ce qui entre dans la bouche, est vrai ou faux. Si les Manichéens disent qu'il est faux, pourquoi leur célèbre docteur Adimantus, le regardant comme émané de la bouche du Christ, s'en sert-il pour attaquer l'Ancien Testament ? Si, au contraire, il est vrai, pourquoi le contredire et se croire souillé en mangeant d'une chair quelconque ? A moins que rendant hommage à la vérité, ils reconnaissent que l'Apôtre n'a pas dit : Tout est pur pour les hérétiques; mais : « Tout est pur pour ceux qui sont purs ». L'Apôtre, en effet, montre immédiatement après, comment rien n'est pur pour les hérétiques : « Rien n'est pur, dit-il, pour les impurs et les infidèles; ils ont la raison et la conscience souillées[^3]». Il faut conclure de là, que véritablement rien n'est pur pour les Manichéens, eux qui enseignent que la substance ou la nature même de Dieu, non-seulement a pu être souillée, mais l'a été en partie, et non-seulement souillée, mais incapable d'être entièrement délivrée et purifiée. Il est étrange de les entendre réputer toute chair impure, et dire qu'ils s'en abstiennent pour cette raison, comme si pour eux il y avait quelque chose de pur, et dans les aliments, et dans toutes les créatures. Car ils nous représentent également les légumes, les fruits et toutes les productions de la terre, la terre entière et le ciel comme souillés par le mélange de la race des ténèbres. Que ne suivent-ils donc leurs principes erronés relativement aux aliments dont ils usent ! et que, s'abstenant de tout ce qui est impur à leurs yeux, ne meurent-ils pas de faim, plutôt que de s'obstiner à proférer de pareils blasphèmes ! Evidemment, un tel sort serait préférable pour des esprits qui repoussent toute réforme et tout amendement.
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Tit. I, 15.
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Matt. XV, 11.
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Tit. I, 15.