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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE III. COMMENT SAINT JOSEPH A PU AVOIR DEUX PÈRES.
Toute la question se résume à savoir comment Joseph a pu avoir deux pères. Une fois cette possibilité démontrée, il n'y a plus de raison d'accuser aucun évangéliste de fausseté, pour avoir établi différentes généalogies. D'abord, en supposant deux pères, rien d'étonnant ni de contradictoire qu'il y ait deux aïeuls, et ainsi de suite deux lignes divergentes d'ancêtres en remontant jusqu'à David, lequel avait pour fils Salomon, qui appartient à la ligne suivie par saint Matthieu, et pour autre fils Nathan, qui appartient à la ligné adoptée par saint Luc. Frappés de ce fait, certains esprits regardent comme impossible que deux hommes puissent engendrer un autre homme par le commerce charnel, et ils en concluent que la question présente est insoluble. Ils né remarquent pas que, d'après l'usage le plus fréquent et le plus répandu, le nom de père se donne, non-seulement à celui qui engendre, mais encore à celui qui adopte quelqu'un.
L'adoption était tellement entrée dans les moeurs de l'antiquité, que nous voyons des femmes même adopter des enfants issus d'un autre sein. Ainsi Sara adopte les enfants d'Agar[^1]; Lia ceux de sa servante[^2] ; la fille de Pharaon adopte Moïse[^3]; Jacob lui-même adopte ses petits-fils, enfants de Joseph[^4]. Ce nom même d'adoption joue un très-grand rôle dans le mystère de notre foi, comme l'attestent les écrits des Apôtres. Saint Paul, parlant des mérites des Juifs : « C'est à eux, dit-il, qu'appartiennent l'adoption, la gloire, le Testament et la loi; ce sont eux qui ont les patriarches pour pères, et desquels est sorti, selon la chair, Jésus-Christ même, qui est le Dieu élevé au-dessus de tout, et béni dans tous les siècles[^5] ». — « Nous gémissons en nous-mêmes», avait-il dit auparavant, « soupirant après l'adoption des enfants de Dieu, qui sera la rédemption de nos corps[^6] ». — « Lorsque le temps a été accompli », ajoute-t-il ailleurs, « Dieu a envoyé son Fils, formé d'une femme, et assujéti à la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi, et pour nous faire recevoir l'adoption des enfants[^7] ». Ces témoignages, et d'autres semblables, montrent assez quel profond mystère renferme cette adoption. Dieu n'a qu'un Fils unique qu'il a engendré de sa substance, et dont il est dit, qu'« ayant la forme et la nature de Dieu, il n'a pas cru que ce fût en lui une usurpation de se dire égal à Dieu[^8] ». Pour nous, il ne nous a point engendrés de sa substance: nous ne sommes que de pures créatures qu'il a, non engendrées, mais créées; et c'est pourquoi il nous a adoptés pour nous faire devenir, selon sa manière, les frères de Jésus Christ. Or, c'est le mode par lequel Dieu nous a engendrés par sa parole et par sa grâce, pour que nous fussions ses enfants, après que nous avions déjà été, non pas engendrés, mais créés et formés par lui ; c'est ce mode, dis-je, que nous appelons adoption. Ce qui a fait dire à saint Jean : « Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu[^9]». Le droit d'adoption ayant donc été en usage parmi nos pères et dans l'Ecriture sainte, quelle impiété et quelle folie de commencer par accuser de fausseté les évangélistes, pour avoir dressé des généalogies différentes, comme si elles ne pouvaient être vraies en même temps, avant de réfléchir, de considérer et de se convaincre, comme il est si facile, que d'après la coutume la plus universellement admise, le même homme peut avoir deux pères, l'un qui l'ait engendré de sa chair, et l'autre qui l'ait adopté pour son fils, par une disposition particulière de sa volonté? Si le none de père ne convient pas à ce dernier, nous n'avons pas non plus le droit de dire: « Notre Père, qui êtes aux cieux», à Celui qui ne nous a point engendrés de sa substance, mais qui, d'après l'enseignement des Apôtres et la règle infaillible de la vérité, nous a adoptés par sa grâce et par sa très-miséricordieuse volonté. Car nous le connaissons et pour Dieu, et pour Seigneur, et pour Père ; pour Dieu, parce que, bien qu'issus de nos parents selon la chair, nous avons été formés par lui ; pour Seigneur, parce que nous sommes soumis à sa puissance; pour Père, parce que nous avons reçu dans son adoption une nouvelle naissance.
Il était donc facile à ces hommes, qui apportaient un zèle religieux à l'étude des divines Lettres, de découvrir, avec la plus simple attention, dans les différentes générations du Christ, telles que les rapportent les deux évangélistes, comment Joseph a pu avoir deux pères, issus chacun d'une ligne divergente. Vous le verriez assurément vous-mêmes, si l'esprit de chicane ne vous aveuglait. En interprétant les diverses parties de ce récit des évangélistes, ces hommes y ont cherché et découvert bien d'autres mystères encore; mais ces mystères sont entièrement hors de la portée de votre intelligence. Toutefois, malgré l'erreur dans laquelle vous êtes, et sans cet esprit d'opposition avec lequel vous lisez l'Evangile, la moindre réflexion suffirait pour vous faire reconnaître un fait passé en usage dans la vie commune, savoir, qu'un homme peut, par un acte de sa volonté, adopter un enfant engendré par un autre, et qu'ainsi le même homme peut avoir deux pères.
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Gen. XVI, 2.
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Id. XXX, 9-13.
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Ex. II, 9, 10.
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Gen. XLVIII, 5.
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Rom. IX, 4, 5.
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Id. VIII, 23.
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Gal, IV, 4, 5.
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Philip. II, 6.
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Jean. I, 12.
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Reply to Faustus the Manichaean
3.
The whole question is how Joseph had two fathers. Supposing this possible, both genealogies may be correct. With two fathers, why not two grandfathers, and two great-grandfathers, and so on, up to David, who was the father both of Solomon, who is mentioned in Matthew's list, and of Nathan, who occurs in Luke? This is the difficulty with many people who think it impossible that two men should have one and the same son, forgetting the very obvious fact that a man may be called the son of the person who adopted him as well as of the person who begot him.
Adoption, we know, was familiar to the ancients; for even women adopted the children of other women, as Sarah adopted Ishmael, and Leah her handmaid's son, and Pharaoh's daughter Moses. Jacob, too, adopted his grandsons, the children of Joseph. Moreover, the word adoption is of great importance in the system of our faith, as is seen from the apostolic writings. For the Apostle Paul, speaking of the advantages of the Jews, says: "Whose are the adoption, and the glory, and the covenants, and the giving of the law; whose are the fathers, and of whom, according to the flesh, Christ came, who is over all, God blessed for ever." 1 And again: "We ourselves also groan within ourselves, waiting for the adoption of the sons of God, even the redemption of the body." 2 Again, elsewhere: "But in the fullness of time, God sent His Son, made of a woman, made under the law, that we might receive the adoption of sons." 3 These passages show clearly that adoption is a significant symbol. God has an only Son, whom He begot from His own substance, of whom it is said, "Being in the form of God, He thought it not robbery to be equal to God." 4 Us He begot not of His own substance, for we belong to the creation which is not begotten, but made; but that He might make us the brothers of Christ, He adopted us. That act, then, by which God, when we were not born of Him, but created and formed, begot us by His word and grace, is called adoption. So John says, "He gave them power to become the sons of God." 5
Since, therefore; the practice of adoption is common among our fathers, and in Scripture, is there not irrational profanity in the hasty condemnation of the evangelists as false because the genealogies are different, as if both could not be true, instead of considering calmly the simple fact that frequently in human life one man may have two fathers, one of whose flesh he is born, and another of whose will he is afterwards made a son by adoption? If the second is not rightly called father, neither are we right in saying, "Our Father which art in heaven," to Him of whose substance we were not born, but of whose grace and most merciful will we were adopted, according to apostolic doctrine, and truth most sure. For one is to us God, and Lord, and Father: God, for by Him we are created, though of human parents; Lord, for we are His subjects; Father, for by His adoption we are born again. Careful students of sacred Scripture easily saw, from a little consideration, how, in the different genealogies of the two evangelists, Joseph had two fathers, and consequently two lists of ancestors. You might have seen this too, if you had not been blinded by the love of contradiction. Other things far beyond your understanding have been discovered in the careful investigation of all parts of these narratives. The familiar occurrence of one man begetting a son and another adopting him, so that one man has two fathers, you might, in spite of Manichaean error, have thought of as an explanation, if you had not been reading in a hostile spirit.