Übersetzung
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE IX. RÉTORSION D'AUGUSTIN.
Augustin. Ce n'est pas sans finesse que tu te dis prêt à accepter les prophéties que tu trouveras dans les livres de Moïse touchant le Christ, comme tu prendrais un poisson de mer tout en rejetant l'eau dont il serait tiré. Mais comme tout ce que Moïse a écrit est du Christ, c'est-à-dire regarde absolument le Christ, soit qu'il l'annonce sous la figure des paroles et des actions, soit qu'il exalte sa grâce et sa gloire, toi qui admets, sur la foi des écrits de Manès, un Christ faux et menteur, tu ne veux pas croire à Moïse, pas plus que de manger du poisson. Il y a seulement une différence : c'est que tu poursuis Moïse de ta haine, et que tu fais du poisson un éloge menteur. En effet si, comme tu le dis, on peut manger un poisson de mer sans danger, pourquoi le déclarez-vous tellement malsain, que, à défaut d'autre aliment, vous vous laisseriez mourir de faim plutôt que d'y toucher? Pourquoi, si toute chair est immonde, comme vous l'affirmez ; si toute eau et toute herbe enchaînent misérablement la vie de votre Dieu et que vous deviez la purifier par vos aliments : pourquoi ta détestable superstition te fait-elle rejeter le poisson que tu loues, et boire l'eau de mer et manger les épines, que tu blâmes ? Pour ce qui est de la comparaison entre le serviteur de Dieu et les démons, où tu déclares qu'il faut accepter les prophéties qu'il a pu faire du Christ, comme on accepte le témoignage de ces esprits trompeurs confessant le Christ[^1], sache que Moïse ne dédaigne point de partager l'opprobre de son Maître. Car, si le père de famille a été appelé Béelzébuth, à combien plus forte raison ceux de sa maison[^2] ! Mais examinez bien de qui vous tenez tout cela ; ils sont certainement plus méchants que ceux qui adressaient ces injures au Seigneur. Car les Juifs ne croyaient point qu'il fût le Christ, et c'est pourquoi ils le regardaient comme un trompeur; mais vous, vous n'admettez pour vraie, que la doctrine qui ose prêcher un christ imposteur.
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Matt. VIII, 29.
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Id. X, 25.
Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
9.
Augustinus respondit: Astute quidem paratum te dicis, si quas in libris Moysi de Christo prophetias inveneris, ita percipere, ac si piscem de mari, cum aquam ipsam unde piscis capitur, respuas. Sed quia Moyses omne quod scripsit, de Christo est, id est ad Christum omnino pertinet, sive quod eum figuris rerum vel gestarum uel dictarum praenuntiet, sive quod eius gratiam gloriamque commendet, tu, qui commenticium fallacemque Christum de Manichaei litteris credidisti, ista Moysi non vis credere, sicut nec piscem vis edere. p. 447,18 Verum hoc interest, quod Moysen hostiliter insectaris, piscem autem fallaciter laudas. Si enim piscem de mari edere non nocet, sicut ipse dixisti, cur ita eum vos noxium praedicatis, ut si alia esca non occurrat, prius fame consumamini quam pisce vescamini? Quid, quod si omnis caro immunda est, ut dicitis, et in omni aqua omnique herba vita illa misera dei vestri retinetur, quae per vestra alimenta purgata (purganda) est, detestabilis superstitio tua et piscem te cogit proicere, quem laudasti, et aquam marinam bibere ac spinas edere, quas vituperasti? p. 447,26 Quod vero etiam daemonibus dei famulum comparasti, ut, quales illi fuerunt, cum Christum confiterentur, talis et iste accipiatur, si aliquid in eius libris reperiri potuerit, quod praedicet Christum, ille quidem non dedignatur opprobrium domini sui. Si enim paterfamilias Beelzebub appellatus est, quanto magis domestici eius! Sed vos videte, a quibus ista didiceritis, profecto sceleratiores quam illi, qui domino ita conviciati sunt. Illi enim non eum Christum esse credebant et ideo fallacem putabant; vos autem doctrinam non putatis esse veracem, nisi quae Christum audet praedicare fallacem.