Übersetzung
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De la trinité
CHAPITRE XII.
IL SE FAIT UN CERTAIN MARIAGE MYSTÉRIEUX DANS L’HOMME INTÉRIEUR. COMPLAISANCE DANS LES PENSÉES ILLICITES.
- Achevons maintenant, avec l’aide du Seigneur, de traiter de cette partie de la raison à laquelle appartient la science, c’est-à-dire la (501) connaissance des choses temporelles, acquise pour les opérations de cette vie. De même que, lors du mariage bien connu de nos premiers parents, le serpent ne mangea point du fruit défendu, mais détermina seulement à en manger; que, d’autre part, la femme n’en mangea pas seule, mais en donna à son mari et que tous deux en mangèrent, bien que la femme ait seule conversé avec le serpent et eût seule été séduite par lui (Gen., III, 1-6 );ainsi en est-il de ce qui se passe et se remarque dans l’homme seul; il est séparé de la raison de la sagesse par suite, d’un secret et mystérieux mariage avec le mouvement de l’âme sensuelle, le mouvement charnel ou, pour ainsi dire, la tendance vers les sens du corps qui nous est commune avec les animaux. En effet, c’est par le sens du corps que les choses matérielles se font sentir, et c’est par la raison de la sagesse que les choses spirituelles, éternelles et immuables sont comprises. Or, le goût de la science est voisin de la raison, puisque la science, qu’on appelle d’action, raisonne sur les objets matériels qui se font sentir par le sens du corps: et si elle en raisonne bien, c’est pour rapporter cette science à la fin ultérieure qui est le souverain bien; si elle en raisonne mal, c’est pour s’y délecter et y chercher le repos d’une félicité trompeuse.
Quant à cette intention de l’âme, raisonnant vivement et par besoin d’agir sur les choses temporelles et matérielles, le sens charnel ou animal insinue un certain attrait à jouir de soi, c’est-à-dire à user de soi comme d’un bien propre et privé, et non comme d’un bien public et commun qui est le bien immuable, alors c’est comme le serpent parlant à la femme. Or céder à cet attrait, c’est manger du fruit défendu: que si ce consentement se borne à la délectation de la pensée, et que l’autorité du conseil supérieur retienne les membres et les empêche de s’abandonner au péché comme des instruments d’iniquité (Rom., VI, 13 ); ce sera comme si la femme mangeait seule du fruit défendu. Mais si le consentement à mal user des choses qui se font sentir par le sens du corps, va jusqu’à décider que tout péché sera, autant que possible, complété par le corps, cette fois je me figure la femme donnant à son mari le fruit défendu pour qu’il en mange avec elle. Car il n’est pas possible de décider qu’on ne se contentera pas de se délecter dans la pensée du mal, mais qu’on passera à l’action, si la volonté de l’âme qui a le pouvoir de mettre les membres à l’oeuvre ou de les empêcher d’agir, ne consent pas et ne se prête pas à l’acte coupable.
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A coup sûr, par le seul fait que l’âme se complaît par la pensée dans des choses illicites, sans être décidée à les exécuter, mais retenant et méditant avec plaisir ce qu’elle devait repousser à la première apparition, par cela seul, dis-je, on ne peut nier qu’il y ait péché, mais un péché beaucoup moins grave que s’il y avait parti pris de passer à l’action. Il faut donc demander pardon pour des pensées de cette sorte, se frapper la poitrine, en disant: « Pardonnez-nous nos offenses», puis faire ce qui suit et ajouter dans la prière: «Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés (Matt., VI, 12 ) ». Car il n’en est pas ici, comme dans le cas de nos deux premiers parents, où chacun ne répondait que pour sa personne, tellement que si la femme seule eût mangé du fruit défendu, elle eût certainement seule été punie de mort. On ne peut pas dire que si, dans l’homme pris isolément, la pensée seule se complaît dans des choses illicites dont elle devait se détourner immédiatement, sans qu’il y ait d’ailleurs volonté d’exécuter le mal, mais seulement délectation causée par réminiscence, on ne peut pas, dis-je, prétendre que la pensée seule mérite punition, comme une femme sans mari : non, gardons-nous de le croire. Car ici il n’y a qu’une personne, il n’y a qu’un homme, et il sera condamné tout entier, à moins que ces péchés commis par la simple pensée, par la seule complaisance en des choses illicites, sans volonté de passer à l’exécution, ne soient remis par la grâce du Médiateur.
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Ainsi cette discussion dont le but était de chercher dans toute âme humaine un certain mariage rationnel entre la contemplation et l’action, avec distribution d’emplois, sans nuire à l’unité de l’âme, cette discussion, dis-je, à part ce que la divine Ecriture nous raconte en toute vérité des deux premiers hommes vivants, mari et femme, souche du genre humain, n’a pas d’autre but que d’expliquer comment l’Apôtre, en attribuant l’image de Dieu à l’homme et non à la femme, a voulu, dans la différence même du sexe, nous inviter à chercher quelque chose qui fût propre à chaque être humain, pris isolément. (502)
Edition
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De Trinitate
XII.
[XII 17] Nunc de illa parte rationis ad quam pertinet scientia, id est cognitio rerum temporalium atque mutabilium navandis vitae huius actionibus necessaria, susceptam considerationem quantum dominus adiuvat peragamus.
Sicut enim in illo manifesto coniugio duorum hominum qui primi facti sunt non manducavit serpens de arbore vetita sed tantummodo manducandum persuasit, mulier autem non manducavit sola sed viro suo dedit et simul manducaverunt, quamvis cum serpente sola locuta et ab eo sola seducta sit, ita et in hoc quod etiam in homine uno geritur et dinoscitur, occulto quodam secretoque coniugio carnalis, vel ut ita dicam qui in corporis sensus intenditur sensualis animae motus, qui nobis pecoribusque communis est, seclusus est a ratione sapientiae. Sensu quippe corporis corporalia sentiuntur; aeterna vero et incommutabilia spiritalia ratione sapientiae intelleguntur. Rationi autem scientiae appetitus vicinus est quandoquidem de ipsis corporalibus quae sensu corporis sentiuntur ratiocinatur ea quae scientia dicitur actionis; si bene ut eam notitiam referat ad finem summi boni; si autem male ut eis fruatur tamquam bonis talibus in quibus falsa beatitudine conquiescat. Cum ergo huic intentioni mentis quae in rebus temporalibus et corporalibus propter actionis officium ratiocinandi vivacitate versatur carnalis ille sensus vel animalis ingerit quandam inlecebram fruendi se, id est tamquam bono quodam privato et proprio non tamquam publico atque communi quod est incommutabile bonum, tunc velut serpens alloquitur feminam. Huic autem inlecebrae consentire de ligno prohibito manducare est. Sed iste consensus si sola cogitationis delectatione contentus est, superioris vero auctoritate consilii ita membra retinentur ut non exhibeantur iniquitatis arma peccato, sic habendum existimo velut cibum vetitum mulier sola comederit. Si autem in consensione male utendi rebus quae per sensum corporis sentiuntur ita decernitur quodcumque peccatum ut si potestas sit etiam corpore compleatur, intellegenda est illa mulier dedisse viro suo secum simul edendum inlicitum cibum. Neque enim potest peccatum non solum cogitandum suaviter verum etiam efficaciter perpetrandum mente decerni nisi et illa mentis intentio penes quam summa potestas est membra in opus movendi vel ab opere cohibendi malae actioni cedat et serviat.
[18] Nec sane cum sola cogitatione mens oblectatur inlicitis, non quidem decernens esse facienda, tenens tamen et voluens libenter quae statim ut attigerunt animum respui debuerunt, negandum est esse peccatum sed longe minus quam si et opere statuatur implendum. Et ideo de talibus quoque cogitationibus venia petenda est pectusque percutiendum atque dicendum: Dimitte nobis debita nostra, faciendumque quod sequitur atque in oratione iungendum: sicut et nos dimittimus debitoribus nostris. Neque enim sicut in illis duobus primis hominibus personam suam quisque portabat, et ideo si sola mulier cibum edisset inlicitum, sola utique mortis supplicio plecteretur; ita dici potest in homine uno si delectationibus inlicitis a quibus se continuo deberet avertere cogitatio libenter sola pascatur, nec facienda decernantur mala sed tantum suaviter in recordatione teneantur, quasi mulierem sine viro posse damnari. Absit hoc credere. Haec quippe una persona est, unus homo est, totusque damnabitur nisi haec quae sine voluntate operandi sed tamen cum voluntate animum talibus oblectandi solius cogitationis sentiuntur esse peccata per mediatoris gratiam remittantur.
[19] Haec itaque disputatio qua in mente uniuscuiusque hominis quaesivimus quoddam rationale coniugium contemplationis et actionis, officiis per quaedam singula distributis tamen in utroque mentis unitate servata, salva illius veritatis historia quam de duobus primis hominibus, viro scilicet eiusque muliere de quibus propagatum est genus humanum, divina tradit auctoritas ad hoc tantummodo audienda est ut intellegatur apostolus imaginem dei viro tantum tribuendo non etiam feminae, quamvis in diverso sexu duorum hominum aliquid tamen significare voluisse quod in uno homine quaereretur.