Edition
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De Trinitate
VI.
[VI 11] Ideo autem nusquam scriptum est quod deus pater maior sit spiritu sancto, vel spiritus sanctus minor deo patre, quia non sic est assumpta creatura in qua appareret spiritus sanctus sicut assumptus est filius hominis in qua forma ipsius verbi dei persona praesentaretur; non ut haberet verbum dei sicut alii sancti sapientes, sed prae participibus suis; non utique quod amplius habebat verbum ut esset quam ceteri excellentiore sapientia, sed quod ipsum verbum erat. Aliud est enim verbum in carne, aliud verbum caro; id est aliud est verbum in homine, aliud verbum homo. Caro enim pro homine posita est in eo quod ait: Verbum caro factum est, sicut et illud: Et videbit omnis caro salutare dei. Non enim sine anima vel sine mente, sed ita omnis caro ac si diceretur ‚omnis homo.‘ Non ergo sic est assumpta creatura in qua appareret spiritus sanctus sicut assumpta est caro illa et humana illa forma ex virgine Maria.
Neque enim columbam beatificavit spiritus, vel illum flatum vel illum ignem sibique et personae suae in unitatem habitumque coniunxit in aeternum; aut vero mutabilis et convertibilis est natura spiritus sancti ut non haec ex creatura fierent, sed ipse in illud atque illud mutabiliter verteretur sicut aqua in glaciem. Sed apparuerunt ista sicut opportune apparere debuerunt creatura serviente creatori et ad nutum eius incommutabiliter in se ipso permanentis ad eum significandum et demonstrandum, sicut significari et demonstrari mortalibus oportebat, mutata atque conversa. Proinde quamquam illa columba spiritus dicta sit, et de illo igne cum diceretur: Visae sunt illis, inquit, linguae divisae velut ignis qui et insedit super unumquemque eorum, et coeperunt linguis loqui quemadmodum spiritus dabat eis pronuntiare, ut ostenderet per illum ignem spiritum demonstratum sicut per columbam; non tamen ita possumus dicere spiritum sanctum et deum et columbam aut et deum et ignem, sicut dicimus filium et deum et hominem nec sicut dicimus filium agnum dei, non solum Iohanne baptista dicente: Ecce agnus dei, sed etiam Iohanne evangelista vidente agnum occisum in apocalypsi. Illa quippe visio prophetica non est exhibita oculis corporeis per formas corporeas sed in spiritu per spiritales imagines corporum.
Columbam vero illam et ignem oculis viderunt quicumque viderunt, quamquam de igne disceptari potest utrum oculis an spiritu visus sit propter verba sic posita; non enim ait: ‚Viderunt linguas divisas velut ignem,‘ sed: Visae sunt eis. Non autem sub eadem significatione solemus dicere: ‚Visum est mihi,‘ qua dicimus: ‚Vidi.‘ Et in illis quidem spiritalibus visis imaginum corporalium solet dici et ‚Visum est mihi‘ et Vidi, in istis vero quae per expressam corporalem speciem oculis demonstrantur non solet dici ‚Visum est mihi‘ sed Vidi. De illo ergo igne potest esse quaestio quomodo visus sit, utrum intus in spiritu tamquam foris, an vere foris coram oculis carnis; de illa vero columba quae dicta est corporali specie descendisse nullus umquam dubitavit quod oculis visa sit. Nec sicut dicimus filium petram (scriptum est enim: Petra autem erat Christus), ita possumus dicere spiritum columbam vel ignem. Illa enim petra iam erat in creatura et per actionis modum connuncupata est nomine Christi quem significabat, sicut lapis ille quem Iacob positum ad caput etiam unctione ad significandum dominum assumpsit; sicut Isaac Christus erat cum ad se immolandum ligna portabat. Accessit isits actio quaedam significativa iam exsistentibus; non autem sicut illa columba et ignis ad haec tantummodo significanda repente exstiterunt. Magis ista similia mihi videntur flammae illi quae in rubo apparuit Moysi, et illi columnae quam populus in eremo sequebatur, et fulguribus ac tonitribus quae fiebant cum lex daretur in monte. Ad hoc enim rerum illarum corporalis exstitit species ut aliquid significaret atque praeteriret.
Übersetzung
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De la trinité
CHAPITRE VI.
LE SAINT-ESPRIT NE S’EST PAS INCARNÉ COMME LE FILS.
- Nous observons aussi que nulle part l’Ecriture ne dit que le Père est plus grand que l’Esprit-Saint, ni que celui-ci soit inférieur au Père. La raison en est que l’Esprit-Saint ne s’est point uni hypostatiquement aux créatures dont il empruntait la forme pour se rendre visible, comme le Verbe divin s’est uni à la nature humaine, et s’est manifesté en cette nature. Car en Jésus-Christ la divinité était unie à l’humanité d’une manière bien plus excellente que dans les saints qui participent à la sainteté de Dieu, et si comme homme il surpassait tous les hommes en sagesse, ce n’était point qu’il eût plus abondamment puisé dans la plénitude du Verbe, mais c’était qu’en lui il n’y avait qu’une seule personne, la personne du Verbe. Et, en effet, il est bien différent d’affirmer que le Verbe est dans la chair, ou que le Verbe est chair, c’est-à-dire que le Verbe est dans l’homme, ou que le Verbe est homme. Au reste, ici, le mot chair signifie homme, comme dans ce passage de l’Evangile : « Le Verbe s’est fait chair » ; et encore : « Toute chair verra également le salut de Dieu (Jean, I, 14 ; Luc, III, 6 ) ». Car, qui oserait dire que ces derniers mots désignent une créature inanimée et irraisonnable? Evidemment toute chair veut dire tout homme.
Il est donc vrai de dire que l’Esprit-Saint ne s’est point uni la créature dont il a emprunté la forme pour se manifester, de la même manière que le Fils de Dieu s’est uni la nature humaine, qu’il a prise dans le sein de la Vierge Marie. Car ce divin Esprit n’a point béatifié la colombe, ni le vent, ni le feu, et il ne s’est joint à aucun de ces éléments en unité de personne et par une union éternelle. On serait également dans l’erreur, si l’on affirmait que ces éléments n’étaient point de simples créatures, et que l’Esprit-Saint, comme s’il était muable et changeant de sa nature, s’était transformé en colombe, en souffle, ou en feu, ainsi que l’eau se convertit en glace. La vérité est que ces diverses créatures se montrèrent en temps opportun, se réjouissant de servir leur Créateur, et obéissant à l’ordre de Celui qui est par essence immuable et éternel. C’est ainsi qu’elles symbolisèrent son (373) opération divine, et qu’elles la manifestèrent aux hommes sous de mystérieux emblèmes. Sans doute, saint Matthieu nous dit que la colombe représentait l’Esprit-Saint, et au livre des Actes saint Luc marque expressément qu’à la Pentecôte ce même Esprit parut sous la figure de langues de feu. « Il parut », dit-il , « comme des langues de feu qui se partagèrent, et se reposèrent sur chacun d’eux. Et ils commencèrent à parler diverses langues, selon que l’Esprit-Saint les faisait parler (Act., II, 3,1 ) ». Toutefois, il nous est défendu de dire que le Saint-Esprit était tout ensemble Dieu et colombe, Dieu et langues de feu, comme nous disons du Fils qu’il est Dieu et homme, et même qu’il est l’Agneau de Dieu, Cette dernière expression se rapporte à cette parole du saint précurseur : « Voici l’Agneau de Dieu ( Jean, I, 29 )», et à la vision que saint Jean rapporte dans son Apocalypse, et où il vit Jésus-Christ comme un agneau immolé (Apoc., V, 6 ). Et en effet, dans cette vision, le prophète ne vit point des yeux du corps un agneau matériel et sensible, et il aperçut seulement du’ regard une forme idéale. Jean-Baptiste, au contraire, et les apôtres virent réellement et de leurs yeux une colombe et des langues de feu.
J’avoue néanmoins qu’au sujet de ces langues on peut demander, en interprétant rigoureusement le texte de saint Luc, si les apôtres les virent des yeux du corps, ou du regard de l’esprit. Car l’évangéliste ne dit pas que les Apôtres virent comme des langues de feu se partager, mais qu’il parut comme des langues de feu. Or, nous ne disons pas dans le même sens : il parut, et j’ai vu. Quand il s’agit de formes corporelles qui se montrent en des visions imaginatives, nous disons également: il parut, et j’ai vu; et quand il s’agit de corps réels et sensibles qui se présentent devant nos yeux, nous ne disons point ordinairement: il parut, mais j’ai vu. Il est donc permis de demander au sujet de ce feu, de quelle manière il a été vu. Les Apôtres le virent-ils par le regard intérieur de l’âme, ou des yeux du corps? Je n’ose le décider. Mais pour ce qui est de la colombe, comme l’Evangile dit qu’elle parut sous une forme sensible et corporelle, on ne peut douter qu’elle n’ait été vue des yeux du corps.
Observons encore qu’il serait inexact de dire que le Saint-Esprit était colombe, ou feu, dans le même sens que nous nommons Jésus-Christ la pierre, selon cette parole de l’Apôtre : « Or, cette pierre était le Christ ( I Cor., X, 4 ) ». Car cette pierre existait précédemment, et parce que son action symbolisait le Christ, elle en reçut le nom. Il en est de même de la pierre que prit Jacob, sur laquelle il s’endormit, et qu’il oignit ensuite d’huile pour la consacrer au Seigneur. Enfin, Isaac lui-même était la figure de Jésus-Christ lorsqu’il portait le bois du sacrifice ( Gen., XXVIII, 6, XXII, 6 ). Ici la pierre et le bois existaient antérieurement, et ils ne symbolisèrent Jésus-Christ que par une action extérieure et interprétative. La colombe, au contraire, et le feu furent instantanément créés pour exprimer l’opération du Saint-Esprit. C’est pourquoi je les comparerais volontiers au buisson ardent que vit Moïse, à la colonne de feu qui guidait les Israélites dans le désert, et aux éclats de la foudre qui ébranlait le Sinaï, lorsque Dieu y promulgua sa loi (Exod., III, 2, XIII, 21, 22, XIX 16. ). Et en effet, il y avait là une forme sensible et passagère qui annonçait la présence du Seigneur.