Übersetzung
ausblenden
The Fifteen Books of Aurelius Augustinus, Bishop of Hippo, on the Trinity
Chapter 1.--We are Made Perfect by Acknowledgement of Our Own Weakness. The Incarnate Word Dispels Our Darkness.
2. But since we are exiled from the unchangeable joy, yet neither cut off nor torn away from it so that we should not seek eternity, truth, blessedness, even in those changeable and temporal things (for we wish neither to die, nor to be deceived, nor to be troubled); visions have been sent to us from heaven suitable to our state of pilgrimage, in order to remind us that what we seek is not here, but that from this pilgrimage we must return thither, whence unless we originated we should not here seek these things. And first we have had to be persuaded how much God loved us, lest from despair we should not dare to look up to Him. And we needed to be shown also what manner of men we are whom He loved, lest being proud, as if of our own merits, we should recede the more from Him, and fail the more in our own strength. And hence He so dealt with us, that we might the rather profit by His strength, and that so in the weakness of humility the virtue of charity might be perfected. And this is intimated in the Psalm, where it is said, "Thou, O God, didst send a spontaneous rain, whereby Thou didst make Thine inheritance perfect, when it was weary." 1 For by "spontaneous rain" nothing else is meant than grace, not rendered to merit, but given freely, 2 whence also it is called grace; for He gave it, not because we were worthy, but because He willed. And knowing this, we shall not trust in ourselves; and this is to be made "weak." But He Himself makes us perfect, who says also to the Apostle Paul, "My grace is sufficient for thee, for my strength is made perfect in weakness." 3 Man, then, was to be persuaded how much God loved us, and what manner of men we were whom He loved; the former, lest we should despair; the latter, lest we should be proud. And this most necessary topic the apostle thus explains: "But God commendeth," he says, "His love towards us, in that, while we were yet sinners, Christ died for us. Much more then, being now justified by His blood, we shall be saved from wrath through Him. For if, when we were enemies, we were reconciled to God by the death of His Son; much more, being reconciled, we shall be saved by His life." 4 Also in another place: "What," he says, "shall we then say to these things? If God be for us, who can be against us? He that spared not His own Son, but delivered Him up for us all, how has He not with Him also freely given us all things?" 5 Now that which is declared to us as already done, was shown also to the ancient righteous as about to be done; that through the same faith they themselves also might be humbled, and so made weak; and might be made weak, and so perfected.
3. Because therefore the Word of God is One, by which all things were made, which is the unchangeable truth, all things are simultaneously therein, potentially and unchangeably; not only those things which are now in this whole creation, but also those which have been and those which shall be. And therein they neither have been, nor shall be, but only are; and all things are life, and all things are one; or rather it is one being and one life. For all things were so made by Him, that whatsoever was made in them was not made in Him, but was life in Him. Since, "in the beginning," the Word was not made, but "the Word was with God, and the Word was God, and all things were made by Him;" neither had all things been made by Him, unless He had Himself been before all things and not made. But in those things which were made by Him, even body, which is not life, would not have been made by Him, except it had been life in Him before it was made. For "that which was made was already life in Him;" and not life of any kind soever: for the soul also is the life of the body, but this too is made, for it is changeable; and by what was it made, except by the unchangeable Word of God? For "all things were made by Him; and without Him was not anything made that was made." "What, therefore, was made was already life in Him;" and not any kind of life, but "the life [which] was the light of men;" the light certainly of rational minds, by which men differ from beasts, and therefore are men. Therefore not corporeal light, which is the light of the flesh, whether it shine from heaven, or whether it be lighted by earthly fires; nor that of human flesh only, but also that of beasts, and down even to the minutest of worms. For all these things see that light: but that life was the light of men; nor is it far from any one of us, for in it "we live, and move, and have our being." 6
Übersetzung
ausblenden
De la trinité
CHAPITRE PREMIER.
IL EST BON DE CONNAÎTRE SES DÉFAUTS.
- L’homme par le péché s’est éloigné de la joie suprême et incommunicable et toutefois il n’a pas entièrement brisé avec elle tout rapport et toute relation. Aussi parmi toutes les vicissitudes des temps et des lieux, cherche-t-il toujours l’éternité, la vérité et le bonheur. Eh ! quel est l’homme qui voudrait mourir, être trompé, ou être malheureux? C’est pourquoi le Seigneur, condescendant aux besoins de notre exil, nous a révélé certaines vérités qui nous avertissent que la terre ne peut nous donner ce que nous cherchons, et que pour le trouver, il faut remonter au ciel. Mais si nous n’étions tombés du ciel, nous n’y chercherions pas le souverain bonheur. Au reste il fallait d’abord nous convaincre que Dieu nous aimait bien tendrement, car sans cela nous n’eussions osé nous rapprocher de lui. Mais il n’était pas moins nécessaire qu’il nous démontrât toute la gratuité de son amour, de peur que l’orgueil ne nous fit attribuer ses grâces. à nos propres mérites, et que par là, nous éloignant encore plus de lui, nous ne fussions faibles en notre force. C’est pourquoi Dieu a agi envers nous avec tant de ménagement, que nous ne pouvons attribuer nos succès qu’à son appui et à son concours. Mais alors notre amour se fortifie dans la même proportion, que notre faiblesse se reconnaît humble et impuissante. Aussi le psalmiste s’écrie-t-il «Vous séparâtes, ô Dieu ! pour votre héritage une pluie toute volontaire il était affaibli, mais vous l’avez fortifié (Ps. LXVII, 10 ) ». Or cette pluie volontaire désigne la grâce divine, et on la nomme grâce, parce qu’elle n’est point un salaire qui nous soit dû, mais un don entièrement gratuit. Et en effet, Dieu nous la donne par sa pure bonté, et non en vertu de nos mérites.
Convaincus de cette vérité, nous nous défions de nous-mêmes, et en cela nous sommes faibles. Mais Dieu nous fortifiera selon cette parole qui fut dite à l’Apôtre « Ma grâce te suffit, car la force se perfectionne dans la faiblesse ( II Cor., XII, 9 ) ». Il fallait donc prouver d’abord à l’homme combien Dieu l’aimait, et ensuite en quel état le trouvait cet amour. La première chose était nécessaire pour que l’homme ne tombât pas dans le désespoir, et la seconde, pour qu’il ne devînt pas le jouet de l’orgueil. Au reste, c’est ce qu’explique très-bien ce passage de l’épître aux Romains : « Dieu a fait éclater son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Jésus-Christ est mort pour nous. Maintenant donc que nous sommes justifiés par son sang, nous serons délivrés par lui de la colère de Dieu. Car si lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, à plus forte raison, réconciliés, serons-nous sauvés par la vie de ce même Fils ». Après cela que dirons-nous? « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? S’il n’a pas épargné son propre Fils, et s’il l’a livré à la mort pour nous tous, que ne nous donnera-t-il point, après nous l’avoir donné (Rom., V, 8, 10, VIII, 31, 32. ) ?» C’est cette rédemption qui était montrée de
loin aux anciens justes, afin que par la croyance au Messie futur ils fussent tout ensemble humbles et faibles, forts et affermis.
- Mais parce que le Fils de Dieu est unique, que ce Verbe divin a fait toutes choses, et qu’il est la Vérité suprême et immuable, nous devons le considérer comme le principe premier et nécessaire de tous les êtres qui existent actuellement dans le monde, et même de ceux qui ont été et qui seront. Toutefois dans le Verbe rien n’a été, ni ne sera, mais tout est; en lui encore tout est vie, et toutes choses sont un, ou plutôt il est seul l’unité parfaite et la vie parfaite. Car si tout a été fait par lui, il suit qu’il possède par lui-même la plénitude de la vie, et qu’il ne l’a point reçue. Aussi l’évangéliste ne nous dit-il pas que le Verbe a été fait au commencement, mais « qu’au commencement le Verbe était avec Dieu, que le Verbe était Dieu et que toutes choses ont été faites par lui (Jean, I, 1,3 ) ». Or, comment le Verbe eût-il fait toutes choses, si lui-même n’eût existé avant toutes choses, c’est-à-dire s’il n’était incréé et éternel? Et même les êtres bruts et insensibles n’eussent point été faits par lui, si avant d’exister, ils n’eussent possédé en lui la vie et le mouvement.
Et en effet, tout ce qui a été fait était déjà vie dans le Verbe; mais non une vie quelconque. Car il y a d’abord l’âme ou la vie des corps, qui est soumise aux lois du changement par cela seul qu’elle a été faite. Eh! par qui a-t-elle été faite, si ce n’est par le Verbe de Dieu, qui est immuable de sa nature? Oui, « tout a été fait (404) par lui, et rien de ce qui a été fait, n’a été fait sans lui ». Il faut donc en conclure que tout ce qui a été fait, était vie dans le Verbe. Mais ce n’était point une vie quelconque, puisque « cette vie était la lumière des hommes », c’est-à-dire la lumière des êtres doués de raison. C’est en effet la raison seule qui élève l’homme au-dessus de l’animal, et qui le constitue un homme. Cette lumière n’est donc point la lumière matérielle et sensible qui nous luit des hauteurs du ciel, ou qui se produit par les feux de la terre, lumière qui éclaire tout ensemble l’homme, l’animal et l’insecte. Tous jouissent indistinctement de cette lumière, tandis que la vie qui est dans le Verbe, est exclusivement la lumière des hommes, et cette « lumière n’est pas loin de o chacun de nous, car en elle nous avons la vie, le mouvement et l’être ( Act., XVII, 27, 28 )».