CHAPITRE XIV.
LE CHRIST EST LA PLUS PURE VICTIME.
- J’observe en outre à l’égard de ces mêmes hommes qu’ils devraient bien comprendre que malgré tout leur orgueil, les démons ne pourraient prendre aucun plaisir aux sacrifices qui leur sont offerts, si un vrai sacrifice n’était dû au Dieu véritable, dont ils usurpent l’honneur et l’adoration. Or, d’abord ce sacrifice ne. peut être légitimement offert que par un prêtre juste et saint, et puis il est nécessaire que le Dieu auquel il est présenté, le reçoive, et en applique les mérites à ceux qui le lui font offrir. Il faut enfin que la victime soit elle-même pure et immaculée, afin qu’elle puisse purifier l’homme de tout péché. Certes, tel est le but que se proposent tous ceux qui font offrir un sacrifice au Seigneur. Mais est-il un prêtre plus juste et plus saint que le Fils unique de Dieu, qui n’a nul besoin de sacrifier pour l’expiation de ses propres péchés, puisqu’en lui ne se trouve ni la faute originelle, ni celles que nous commettons chaque jour? De plus, quelle victime plus parfaite l’homme pouvait-il choisir que sa propre chair ? et quelle chair plus propre à être immolée qu’une chair mortelle? quelle victime pouvait encore en raison même de sa pureté mieux purifier l’homme de toutes ses souillures, que la chair qui par un miracle de chasteté a été formée dans le sein d’une Vierge, est née de ses chastes entrailles? enfin quel sacrifice serait plus agréable au Seigneur et plus propitiatoire à notre égard, que celui où la victime n’est autre que le propre corps de notre pontife? Ainsi l’on doit considérer quatre choses dans tout sacrifice : celui à qui il est offert, celui qui l’offre, celui qui s’immole, et celui au nom de qui il est immolé. Or, ces quatre choses se rencontrent excellemment en Jésus-Christ, qui est notre seul et véritable médiateur, et qui par son sacrifice a ménagé avec Dieu notre paix et notre réconciliation. Car il est Dieu comme celui à qui il l’offre, il ne fait qu’un avec ceux pour qui il l’offre, et il est tout ensemble le prêtre qui l’offre et la victime qui est offerte.