IX.
« Mais», disent-ils, « quand Paul vint à Ephèse, il ordonna de baptiser en Jésus-Christ des hommes qui disaient avoir reçu le baptême de Jean1 ». Voudrait-on conclure de ce passage que l'on doit baptiser les schismatiques et les hérétiques? Alors il faut être logique, et soutenir que Jean n'était qu'un hérétique et un schismatique. Si l'on recule devant une telle conclusion, il faut simplement convenir que ces hommes ont reçu ce qu'ils n'avaient pas encore, sans qu'il fût nécessaire d'invalider aucunement ce qu'ils avaient reçu. Ainsi, quelques auteurs prétendent que c’était un mensonge de leur part de soutenir qu'ils avaient reçu le baptême de Jean; sans aller jusque-là, il est plus naturel de répondre que le baptême de Jean n'était pas le baptême de Jésus-Christ, mais une sorte d'engagement à combattre pour Jésus-Christ; comme les sacrements de l'ancienne loi, sans être des sacrements véritables, avaient pourtant une efficacité préparatoire et figurative. Ils concluent : « Si, après le baptême de Jean, qui était l'ami de l'Epoux, le baptême a été rendu, à plus forte raison doit-on rebaptiser après les hérétiques? » Pourquoi, dès lors, transporté d'une juste indignation, ne dirais-je pas à mon tour Si on a rebaptisé après le baptême de saint Jean, qui ne but jamais devin, combien plus doit-on rebaptiser après le baptême donné par un homme pris de vin? Eh bien ! qu'ils suivent cette règle, s'ils -le peuvent; qu'ils baptisent après leurs ivrognes, si les Apôtres ont baptisé après Jean, le modèle de la sobriété. Pour s'y refuser, ils ne peuvent alléguer qu'une seule raison, c'est que le baptême conféré par ces ivrognes n'est pas leur propre baptême, mais le baptême de Jésus-Christ. Qu'ils avouent donc aussi que si le baptême a été conféré à ces hommes dont nous parlons, c'est, ou bien parce qu'ils n'avaient reçu aucun baptême, ou bien que le baptême qu'ils avaient reçu n'était pas le baptême de Jésus-Christ.
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Act. XIX, 1-5. ↩