XII.
Au contraire, voyez comme ils affirment la thèse que nous soutenons. Voici ses propres paroles : « Il est certain que ceux qui, dans leur état de sacrilège, ont osé accomplir l'oeuvre de Jésus-Christ, l'eussent-ils faite en son nom, ont fait une action fausse et l'ont perdue ». C'est vrai, tous ceux qui en état de sacrilège ont osé agir au nom de Jésus-Christ, ont perdu leur action en tant qu'elle leur est propre. Doit-on conclure de là que le nom de Jésus-Christ est un sacrilège, même quand des sacrilèges l'invoquent pour faire telle action ? Qui oserait soutenir cette affirmation, si insensé fût-il ? Y aurait-il de nos jours un seul païen même pour avancer une telle proposition ? C'est en toute vérité que Jésus-Christ a dit : « Celui qui ne recueille pas avec moi, dissipe»; cependant, quand ses disciples vinrent lui raconter qu'ils avaient rencontré un homme chassant les démons en son nom, et qu'ils l'en avaient empêché, parce qu'il ne marchait pas avec eux à la suite du Sauveur, Jésus leur répondit : « Ne l'empêchez pas ; car on ne peut opérer des miracles en mon nom, et parler mal de moi1 ». Ce thaumaturge était coupable de ne pas recueillir avec le Seigneur et de ne pas former avec ses disciples un seul et même troupeau sous sa direction bienfaisante,. Et dans cette iniquité il retenait enchaînée une vérité qui ne venait pas de lui, et en vertu de laquelle il chassait les démons au nom de Jésus-Christ et s'abstenait de parler mal de lui. C'est cette iniquité que le Seigneur condamne en ces termes : « Celui qui ne recueille pas avec moi, disperse ». Cependant il ne nie pas, il ne désapprouve pas la vérité qui est en cet homme, puisqu'il ajoute : « Ne l'empêchez pas, car personne ne peut faire des prodiges en mon nom et parler mal de moi ». Cette conduite du Sauveur, tel est le modèle que nous avons à suivre. Nous ne pouvons, dès lors, nier la vérité du baptême, ni tout ce que nous surprenons de vrai dans les hérétiques ; à plus forte raison n'oserions-nous ni le désapprouver ni le détruire. Quant à l'iniquité qui les porte, non pas à recueillir avec Jésus-Christ, mais à disperser, c'est avec raison que nous la détestons ; nous les condamnons même au moyen de la vérité qu'ils conservent inviolable, ou du moins nous nous en servons pour travailler à leur conversion.
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Marc. IX, 37, 38. ↩