XXXVII.
Vous voyez que dans ce discours, auquel vous m'avez prié de répondre, notre adversaire nous a fourni un grand nombre d'arguments qui plaident en notre faveur. Quel besoin, dès lors, pouvons-nous avoir de justifier les évêques de l'Eglise romaine de tous les crimes dont il les accuse au prix d'incroyables calomnies ? Marcellin et ses prêtres Melchiade, Marcelle et Silvestre, sont par lui accusés d'avoir livré les manuscrits sacrés, et offert de l'encens aux idoles. Mais il ne suffit pas de les accuser, il faudrait prouver cette accusation; et cette preuve, il ne la donne pas, il n'apporte à l'appui aucun document sérieux. Il soutient que ce sont des criminels et des sacrilèges ; moi je soutiens qu'ils sont innocents. Et pourquoi fournirais-je des preuves de ma défense, puisqu'il n'essaie pas même de prouver son accusation? Si dans les choses humaines il reste encore quelque peu d'humanité, il me semble que quand il s'agit d'hommes inconnus, que des ennemis incriminent, sans fournir aucune preuve de leurs accusations, ceux qui méritent d'être crus sur parole, c'est nous, qui soutenons que ces hommes sont innocents. En suivant cette marche, il est vrai que l'on peut se tromper, mais du moins on a rempli le devoir qu'impose l'humanité, puisqu'elle défend de soupçonner témérairement le mal dans les autres et de croire facilement à toute incrimination qui ne repose ni sur des témoins, ni sur des documents authentiques; celui qui se rend coupable d'une telle incrimination doit être regardé plutôt comme un calomniateur que comme un accusateur véridique.