XLI.
Nous disons donc, ou plutôt nous prouvons, par les monuments consignés dans les écrits ecclésiastiques et civils, que Secundus de Tigisit, à qui ils attribuent la condamnation de Cécilianus dans une assemblée réunie par ses ordres, a tout fait, au contraire, pour empêcher le schisme , a arraché aux apostats l'aveu de leurs fautes, et leur a donné la paix, quoiqu'il fût lui-même accusé d'apostasie par Purpurins de Lima. Nous disons que Rusiccadien, Donat le Calamien, Donat Masculitanus, Marinas des Eaux-Tibilitaines, Silvain de Cirté, ont été de véritables apostats, quoiqu'ils se soient montrés les juges inexorables de ceux qui leur paraissaient apostats. Nous prouvons cette proposition par les monuments de l'Eglise, des municipes et des tribunaux. Toutefois nous ne soutenons pas que tous ceux qui appartiennent au parti de Donat, soient, pour cette seule raison, des apostats ; d'un autre côté, nous ne justifions pas le parti de Donat, parce que, dans le nombre de ses adeptes, il en est qui peuvent être de bonne foi et sont justifiés du crime d'apostasie. Le plus sage pour nous, c'est de prêter une oreille attentive à la sainte Ecriture plutôt que de nous laisser accuser des crimes d'autrui, et cette calomnie, nous la repoussons autant pour les autres que pour nous. « L'âme « qui pèche, c'est elle-même qui mourra1 ; chacun portera son propre fardeau2; celui qui mange et boit indignement, mange et boit pour lui-même », et non pour un autre, « son propre jugement3 ». On laisse croître le bon grain et la zizanie jusqu'à la moisson, de crainte qu'en voulant arracher la zizanie avant le temps on ne déracine le froment4 ; on laisse les boucs et les agneaux paître ensemble dans les meilleurs pâturages, jusqu'à ce qu'ils soient séparés par le pasteur qui ne peut se tromper5 ; les filets de l'unité se remplissent de toute sorte de poissons, jusqu'à ce qu'on arrive au discernement fait sur le rivage6. Est-ce donc que nos adversaires préjugent déjà faussement en leur propre faveur, jusqu'à soutenir que c'est pour les péchés d'autrui qu'ils sont séparés de la communion de l'univers chrétien ? avec une opinion aussi insensée et absurde, ils en viennent à faire conclure que les péchés de quelques-uns de leurs adeptes sont imputés à tous. A ce prix, ils doivent donc se regarder comme coupables de tous les crimes que l'on surprend dans l’homme le plus criminel; et si cette conclusion leur paraît le comble de l'injustice, qu'ils avouent du moins qu'ils sont tous responsables de leur criminelle séparation d'avec l'Eglise.