VI.
Prenons ensuite le livre des Actes des Apôtres. Paul, parlant du Dieu unique et véritable, venait d'enseigner aux Athéniens que c'est en lui que nous vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes. Il ajoute aussitôt : « C'est là, à vous en croire, ce que vos poètes mêmes vous ont appris1 ». Nous vivons, nous agissons, nous sommes en Dieu, telle est la vérité que ces impies adorateurs des idoles retiennent dans l'iniquité, car tout en connaissant Dieu ils ne l'ont pas adoré comme Dieu. Toutefois Paul ne détruit pas cette vérité, quoiqu'il la surprenne sur les lèvres des impies et des idolâtres; au contraire, il la confirme et l'établit comme point de départ pour enseigner ses principes à ceux qui ne les connaissaient pas. Fidèle imitateur de cette conduite apostolique, l'évêque Cyprien, traitant de l'unité du vrai Dieu pour confondre les adorateurs des idoles, emprunte une multitude de passages à ceux de leurs écrivains qui jouissaient parmi eux de la plus grande autorité2 ; c'est-à-dire qu'il invoque la vérité qu'ils retiennent dans l'iniquité. Mais ce que j'admire encore davantage, c'est l'Apôtre qui, après avoir visité tous les temples païens de la ville d'Athènes , raconte que parmi les autels érigés en l'honneur des démons, il en a rencontré un avec cette inscription : « Au Dieu inconnu». Ne croyez pas qu'il va attaquer et réfuter cette inscription; loin de là; il en prend occasion de poser les prémisses d'un discours admirable d'adresse : « Le Dieu que vous adorez sans le connaître, je viens vous l'annoncer3 » .