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Quant à ce qui me concerne personnellement, j'ai été le témoin des pompeux éloges qui se faisaient à Rome autour du nom de Pélage pendant son absence. Dans la suite, la renommée vint m'apprendre qu'il se posait en adversaire de la grâce de Dieu. J'en gémis. sais profondément; cependant, quoique ceux qui m'avertissaient méritassent toute ma confiance, je désirais posséder l'un de ses ouvrages sur la matière, afin de ne pas lui laisser la ressource de la négation, quand j'entreprendrais de le réfuter. J'étais absent quand il vint en Afrique, il fut même reçu sur notre rivage d'Hippone ; mais j'ai su par mes amis qu'il avait gardé le plus profond silence sur 1e sujet en question, et qu'il opéra son départ bien plus tôt qu'il ne pensait. Si j'en crois mes souvenirs, je l'ai vu à Carthage une fois ou deux, à l'époque, si agitée pour moi, où nous devions avoir une conférence avec les hérétiques Donatistes. Quant à lui, il s'empressa de repasser la mer. Toutefois ses disciples faisaient grand bruit de sa doctrine: ce fut au point que Célestius fut cité devant un tribunal ecclésiastique et frappé d'une condamnation qu'il n'avait que trop méritée. Nous croyions alors que la meilleure marche à suivre était de taire les noms propres, et de réfuter vivement les erreurs, parce que la crainte seule de subir un jugement ecclésiastique serait plus efficace pour les convertir que ne pourrait l'être la condamnation même dont ils seraient frappés. Dès lors nous ne cessions plus de multiplier contre ces erreurs les livres et les traités populaires.