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Si Pélage, avouant qu'autrefois, sans trop s'en rendre compté, il avait été imbu de cette erreur, s'était contenté d'anathématiser ceux qui la professent actuellement, ce serait dépouiller tout sentiment de charité que de ne pas le féliciter d'être enfin rentré dans le chemin de la vérité. Mais, non content de se proclamer libre de cette erreur, il n'a pas craint de frapper d'anathème ceux qui en avaient secoué le joug et qui l'aiment lui-même jusqu'à désirer sa délivrance. Au nombre de ces derniers se trouvent Timasius et Jacques, qui pour lui témoigner leur bienveillance m'ont adressé cette lettre. N'était-ce pas de lui surtout qu'ils parlaient quand ils me témoignaient le regret que mon livre fût venu trop tard ? En effet, disent-ils, « nous n'avons plus ici certaines personnes aveuglées par l'erreur, et dont les yeux se seraient ouverts à une si éclatante lumière; nous espérons toutefois qu'elles en obtiendront, quoique un peu tard, cette même grâce par la bonté de Dieu ». Ils ont cru devoir taire le nom ou les noms propres, afin que, en ménageant les liens de l'amitié, ils obtinssent plus facilement pour leurs amis la mort de l'erreur.